Lost in the dark [Pv Carson]

Il devait être plutôt tard, il faisait nuit noire et des individus déjà saouls sortaient ou se faisaient renvoyer des bars. Une heure à laquelle Bella n'aimait pas vraiment traîner. Physiquement elle n'était ni très forte ni très impressionnante, elle savait qu'elle ne pourrait rien faire si quelqu'un décidait de s'en prendre à elle. Mais c'était une éventualité à laquelle elle aimait mieux ne pas penser. Normalement elle n'aurait pas dû être là. A cette heure-ci habituellement elle se trouvait dans le parc, dans un petit coin tranquille en train de dormir comme elle pouvait, malgré la fraîcheur de la nuit et les rôdeurs qui y trainaient le soir. Seulement cette nuit là, malgré sa fatigue elle ne parvenait pas à fermer les yeux. Son bras droit la faisait souffrir plus que jamais. Ce qui n'était auparavant qu'une minuscule petite brûlure de cigarette s'était étendue en masse noirâtre. Elle n'était pas idiote et comprenait qu'il s'agissait d'une infection. La plaie n'était pas belle à voir et la faisait vraiment souffrir. Bella avait beau n'avoir aucune notion de médecine, elle savait qu'elle aurait sans doute dû la faire soigner, mais elle s'y refusait. D'abord il y aurait les médecins qui verraient l'être qui grandissait en elle, puis les traces de coups, les cicatrices qui exprimaient toute la souffrance de son pauvre corps. Et ensuite viendrait le pire, la police, à qui elle serait forcée de raconter tout ce qui était arrivé jusque là. Elle avait grandi dans le Bronx, un endroit où les forces de l'ordre font figure d'oppression. Elle ne leur faisait pas confiance, encore moins qu'aux autres. Elle avait la conviction qu'ils lui apporteraient davantage d'ennuis qu'autre chose. Elle ne voyait pas pourquoi on l'aiderait, elle, pourquoi on l'écouterait, elle qui n'apportait au monde rien de plus que sa simple présence.

N'arrivant pas à dormir, Bella décida d'aller marcher. Elle était épuisée mais le fait de se concentrer sur autre chose, même ce simple effort physique, lui faisait oublier un peu sa douleur. Elle aimait regarder les gens le soir, observer leur vie, leur quotidien, leurs habitudes. Elle se prenait à s'imaginer être à leur place. Pourquoi pas elle après tout? Elle ne valait sans doute pas moins qu'eux, elle avait droit à ce genre d'existence elle aussi. Et elle reprenait un peu de cet espoir qui l'avait quittée, ce qui lui donna du courage pour marcher.

Au bout d'un certain temps (quelques minutes, quelques heures, allez savoir), elle se retrouva dans les rues de Greenwich Village, un petit quartier où elle aimait se trouver en ce moment. Mais elle comprit rapidement que venir ici à ce moment de la journée n'était pas l'idée la plus brillante qu'elle ait eu jusque là. Ce n'était pas la rue la moins bien fréquentée de New York, loin de là, mais il y a certaines heures où un esprit sensé sait qu'il vaut mieux éviter de traîner dehors. Bella s'en rendit compte malgré elle. Elle resserra sa fine veste autour d'elle et marcha prudemment. Elle crut sentir son coeur s'arrêter de battre en entendant quelqu'un s'avancer vers elle. Elle resta figée, incapable de bouger Elle entendait des pas lourds et vit un type s'approcher d'elle. Elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il lui disait, mais il était évident par son haleine et ses propos incohérents qu'il était complètement saoul. Bella espérait vraiment qu'il s'en aille, elle le sentait tout près d'elle et n'osait pas bouger.

Carson avait travaillait jusque tard dans la nuit, il n'avait déjà pas beaucoup dormi la nuit dernière et cela promettait d'être le cas, cette nuit aussi. Il passa une main sur sa nuque et la fit légèrement craqué pour se détendre, avant d'étouffer un bâillement, il avait décidé de rentrer à pied chez lui, empruntant les longs chemins. Il devait admettre avoir une prédilection pour la nuit et aimer flâner à cette heure. La ville n'avait plus rien à voir, le vrai visage de New-York ressortait alors et le confortait dans son devoir de mettre hors de nuire les pires crapules de l'espèce humaine. Il ne prêtait vraiment pas attention, aux allées et venues, mais gardait tout de même sa vigilance, il en savait que trop bien que les rues étaient dangereuses.

Arrivé prêt de chez lui, il devina une frêle silhouette, quelques mètres devant lui, la jeune femme ne semblait pas vraiment de constitution robuste, et il secoua la tête d'un air dépitée. Les jeunes femmes étaient vraiment inconscientes, elles étaient toujours les premières victimes d'agression. Il ne savait pas vraiment pourquoi mais au lieu de tourner là ou il aurait du pour rentrer chez lui, il continua à la suivre, la guettant de loin, comme pour prévenir le moindre danger auquel, elle pourrait faire face. Il ne pouvait en son âme et conscience la livrait seule à elle même. Bon il se la jouait un peu trop bon samaritain, et cela agaçait plus d'une personne mais il ne pouvait pas changer celui qu'il était du jour au lendemain.

5 minutes après que sa discrète filature eut commencé, il repéra une silhouette titubante, venant face à eux. Il grimaça, et vit la jeune femme se raidir comme pétrifiait sur elle même, son instinct de flic le rappela à l'ordre et il combla les quelques mètres qui les séparaient, plus vite que l'ivrogne, et se plaça face à elle. Un juron étouffé monta dans les airs alors que la silhouette menaçante faisait demi tour visiblement déçu. Il jette un regard à la jeune femme, pauvre petite chose apeurée, elle devait probablement se demandait si il n'était pas plus dangereux que l'homme qu'il venait de faire fuir.

" Désolé, je voulais pas vous faire peur. J'ai juste vu ce type et je connais ce genre de gars, en général, ça ne promets rien de bon."

Il regarda sa montre, et eut un léger soupir.

" Vous devriez rentrer chez vous, ce n'est pas vraiment prudent de se promener dans les rues à cette heure tardive."

Bella restait là, incapable de bouger, s'attendant au pire. Heureusement et pour la première fois depuis longtemps, on aurait dit que la chance venait de tourner en sa faveur. Elle sursauta en entendant une voix d'homme pousser un juron derrière elle et se retourna brutalement. sa première réaction fut de penser qu'ils étaient deux, et que c'était fichu pour elle. Mais elle comprit en voyant l'ivrogne partir qu'en réalité cet inconnu venait sans doute de la sortir d'un sacré pétrin. La jeune femme avait préféré ne même pas imaginer ce qui aurait pu se produire, mais là, devant cet homme, elle sentit ses nerfs lâcher. Il était rare que Bella craque, même lorsqu'elle avait de bonnes raisons. Mais pour la première fois depuis plusieurs jours elle ressentait pleinement la fatigue physique et psychologique qu'elle avait accumulées. Elle avait l'impression que tous les muscles de son corps étaient douloureux. Jusqu'à présent elle avait plutôt bien réussi à prendre sur elle, mais la peur qu'elle avait eue, c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase. Elle dissimula son visage dans ses mains incapables de retenir ses larmes.

"Je suis vraiment désolée, je sais pas ce qui me prend."

Elle se sentait gênée de pleurer comme ça, devant un parfait inconnu qui venait en plus peut-être de lui sauver la vie. Elle fit de gros efforts pour se calmer, puis elle essuya son visage rapidement et releva la tête. Elle tressaillit légèrement lorsqu'il lui dit qu'elle devait rentrer chez elle et comprit qu'il était impératif de se débarrasser de lui au plus vite avant qu'il ne découvre où elle vivait vraiment, c'est-à-dire nulle part. Elle risquait d'avoir du mal à expliquer pourquoi elle portait un sac à dos sur l'épaule, heureusement il faisait noir donc peut-être qu'il ne le remarquerait pas, ou que ça ne le choquerait pas plus que ça. Elle lui sourit comme elle put, l'air reconnaissante.

"Je vous remercie et vous avez raison, je vais rentrer chez moi."

Restait à savoir quelle direction prendre. Il faisait assez sombre, mais elle crut voir de la lumière à sa droite, avec un peu de chance il s'agissait d'un immeuble. Il ne fallait pas qu'elle soit hésitante, non surtout pas. Heureusement elle pouvait espérer qu'il ne voit pas ses yeux, ou qu'il n'y fasse pas attention. Bella le savait, elle était une très mauvaise menteuse, pas à cause de l'expression de son visage mais de celle de ses yeux. Son regard disait le contraire de sa bouche. Elle commença à reculer prudemment sur sa droite, ne sachant absolument pas où ça allait la mener, continuant à regarder l'inconnu. Elle savait qu'elle devait avoir l'air anormalement pressée, mais c'était plus fort qu'elle, il la mettait vraiment mal à l'aise.

"Je vous remercie encore, bonne soirée."

Carson leva un sourcil circonspect devant les larmes de la jeune femme, il était visiblement mal à l'aise, ne sachant pas d'où provenait ce flot inattendu, en effet il n'avait pourtant rien fait pour le provoquer, puis il supposa, que ce fut le soulagement qui avait provoqué cet réaction légèrement surréaliste. Quand les nerfs lâchaient, tout pouvait être envisageable. Mais il n'eut le temps de rien dire que la jeune femme le regarda pour le remerciait et lui souhaiter une bonne soirée tout en lui assurant qu'elle allait rentrer chez elle au plus vite. Pourtant sa bouche disait des mots et ses yeux disaient le contraire, l'instinct de flic de Carson tiqua immédiatement, quelque chose clochait et il se devait de le savoir. La compassion était une des qualités du jeune homme, alors même si il aurait pu faire croire de gober son mensonge, il n'en fit rien. Acculée, elle ressemblait à petit animal sauvage prit au piège.

" Je me mêles peut être de ce qui me regarde pas, mais vous m'avez l'air un peu perdue, vous êtes sur que vous habitez dans le coin."

Il se rapprocha d'elle, doucement, très doucement pour ne pas l'effrayer plus, le ton de sa voix était calme et douce. Il savait de par son métier que ce genre d'être terrorisé devait être pris avec délicatesse. Il leva les mains pour montrer qu'il ne comptait lui faire aucun mal, puis arrivé à sa hauteur, il la regarda.

" Vous savez si vous ne savez pas ou dormir, il y a des refuges très bien dans le coin."

Oui, parce que Carson venait de rassembler les indices dans sa tête et la jeune femme ressemblait à une sans domicile fixe et il en avait côtoyé assez pendant ses heures de bénévolat pour les reconnaitre. Il se rendait compte que d'insister de cette manière pouvait paraitre louche alors il tripota sa chaine dans un léger geste compulsif avant de préciser toujours sur son ton posé.

" Rassurez vous, je veux pas vous entrainer dans un truc tordu, mais si ca peut vous rassurer, je suis policier, enfin je sais que ça veut pas dire forcément sureté mais je vous promets que je suis un gentil flic."

Il esquissa un léger sourire en coin, comme pour la rassurer, mais se ravisa, il fallait apprivoiser l'animal avant de l'approcher, après tout, elle pouvait se révéler dangereuse, si elle se sentait menacée. Et il savait que pas mal de squatteurs avaient tendances à porter une arme blanche sur lui, pas mortel en soit mais pouvant se révéler dangereuses. Il préférait jouer la carte de la prudence

Elle ne sut pas quoi lui répondre. Au fond d'elle, elle savait que son mensonge ne tiendrait pas la route. Et il avait l'air d'être vraiment perspicace. Elle se sentit prise au piège. Il n'avait pas l'air de lui vouloir de mal, loin de la mais après tout ce qui lui était arrivé, Bella était naturellement portée à se méfier des autres, des hommes en particulier. Et il se rapprochait, trop. En levant les mains, il voulait sans doute la rassurer, mais ce geste la fit paniquer. D'après son vécu, il ne signifiait rien de bon. Elle avait les yeux écarquillés en regardant fixement ses mains.

"N'avancez pas plus!"

Elle aurait voulu prendre une voix plus assurée, mais en était incapable. Elle respirait profondément et calmement afin de retrouver son calme. Elle sentait bien qu'il n'était pas dangereux mais son instinct de survie lui dictait de se méfier. Elle se demandait comment il avait pu tout deviner avec une telle facilité. Il devait avoir l'habitude des gens comme elle, non? Elle en eut la confirmation lorsqu'il lui parla d'un refuge.

"Je ne peux pas aller là-bas."

On verrait les traces qu'elle avait sur le front et les tempes, on se poserait des questions, on lui poserait des question. Etre confrontée à d'autres personnes lui semblait au-dessus de ses forces elle préférait encore rester seule, même dans ces conditions. C'était stupide, elle le savait mais elle était prise malgré elle dans un engrenage. Plus elle vivait à l'écart des gens, moins elle avait envie de se mêler à eux.
Le fait d'apprendre qu'il était flic ne la rassura pas du tout. Elle venait d'un milieu où la police était plutôt mal vue et en avait gardé cette image négative et pas forcément justifiée. Elle était mal tombée, avoir affaire à la police lui semblait être la pire chose qui pourrait lui arriver. Mais au moins maintenant elle comprenait comment il avait pu savoir tant de choses sur elle en si peu de temps. Pas un instant il n'avait été dupe. Elle le regarda mieux, ses yeux s'habituaient à l'obscurité et elle put mieux voir son expression. C'est vrai il n'avait pas l'air de quelqu'un de dangereux ou de mauvais. Il lui parlait un peu comme à une enfant. Elle vit qu'il semblait se reculer un peu. Elle comprit alors qu'il se méfiait également d'elle et de ce qu'elle pourrait lui faire et sembla se calmer.

"Je n'ai pas d'arme sur moi, je ne vous ferai rien si vous ne me faites rien."

Carson était au moins fixé sur une chose, elle ne semblait pas armé de ce qu'elle disait et semblait vouloir fuir le plus loin possible de lui. Il soupira longuement, il avait beau avoir un sens du devoir aigu, il n'irait pas bien loin si la jeune femme le craignait comme la peste. Il avait lu cette peur se reflétait dans ses yeux quand il avait dit qu'il était flic, une peur incontesté de son statut mais pouvait il vraiment l'en blamer, il ne savait malheureusement que trop bien que certains flics étaient pourris jusqu'à la moelle. Pourtant cela le peinait toujours autant de voir les gens en faire une généralité, son métier était il devenu si précaire.

Il finit par se reculer, reposant les mains le long de son corps, que faire, il n'allait tout de même pas la kidnapper pour l'emmener dans un refuge, mais il était torturé, il était un flic droit et rigoureux et laissait une jeune femme faible, physiquement épuisée, sans défense dans les rues de NY était probablement une chose potentiellement insconciente et peut être même de la non assistance ne personne en danger. Il la toisa quelques secondes silencieux, réfléchissant à ce qui pourrait la faire changer d'avis mais il ne parvenait guère à réfléchir, son cerveau embrumait par la fatigue croissante qu'il cumulait depuis plusieurs jours.

" Ecoutez, vous serez toujours mieux au chaud que dehors."

Il se frotta le menton de la paume droite, de nouveau en pleine reflexion, pour la convaincre de se laisser emmener dans un refuge. Puis l'idée le traversa de la ramener chez elle mais Jo' l'aurait encore traité d'imprudent si il faisait une chose pareille. Evidemment elle avait beau dire ne pas être dangereuse, cela n'était pas pour autant une vérité certaines. Il fouilla dans sa poche et sortit son porte feuille, en tira un billet de 50$ et lui tendit.

" Tenez, vous pourrez au moins vous payez une chambre d'hotel et uen bonne douche par la même occasion pour cette nuit"

A l'ami des causes perdues, qui venait de donner de l'argent durement récolté à une pure inconnue, juste pour ne pas la voir demain matin en première page d'un journal, ou pire encore en personne, devant mener une enquête sur son agression

Bella ignorait pourquoi mais quelque chose lui inspirait confiance chez cet homme. Cependant dans une situation comme la sienne, les impressions ne suffisent pas. Pour lui faire totalement confiance il aurait fallu beaucoup de temps. En tout cas elle voyait bien qu'il ne lui ferait rien, il cherchait simplement à l'aider. Elle se calma, elle n'avait plus vraiment peur et ne reculait plus mais restait tout de même sur ses gardes.
Sa remarque était pleine de sens. Evidemment Bella avait pensé à l'idée du refuge, elle savait qu'elle y serait sans doute mieux et plus en sécurité. Mais elle savait également les questions qu'on lui poserait et ce qui arriverait ensuite. Elle eut un sourire légèrement sarcastique. Il était plutôt étonnant qu'une jeune femme dans la situation de Bella soit encore capable d'ironie.

"Je sais bien que j'y serais au chaud, seulement j'aurais de grandes chances de finir ensuite dans votre bureau."

Elle en avait dit beaucoup, mais à ce qu'elle sache il n'était pas en service et il n'allait sans doute pas l'interroger à cette heure de la nuit. Une partie d'elle se demandait quel intérêt il aurait à l'aider, l'autre partie voyait que c'était quelqu'un de bien qui espérait juste soulager un peu à travers elle la misère du monde.
Elle vit l'argent qu'il lui tendait. C'est vrai, ces 50 dollars auraient pu l'aider à tenir quelques temps si elle arrivait à les économiser correctement. Mais après? Elle se retrouverait dans la même situation qu'auparavant. Elle repoussa doucement la main du jeune homme avec la sienne.

"Je ne peux pas accepter. C'est vrai, ça pourrait m'aider pour cette nuit, mais après je me retrouverais exactement dans la même situation. Je vous remercie, mais gardez le, vous n'aurez qu'à offrir un cadeau à quelqu'un que vous aimez. Moi vous ne me connaissez pas, vous ne me devez rien du tout."

Pour lui elle n'était personne, juste une vagabonde. Elle lui fit un sourire, comme pour le remercier et lui dire de ne pas s'en faire. La plupart des gens trouvaient que rien qu'avec son sourire elle arrivait à illuminer son visage et à réconforter les autres. Mais ça bien sûr, elle n'en avait pas vraiment conscience.
Mais combien de temps arriverait-elle à tenir ainsi? Quelques jours, quelques semaines peut-être? Pas beaucoup plus en tout cas. Mais pour le moment il valait mieux ne pas y penser. Au fond d'elle elle gardait le secret espoir de trouver une véritable solution, un logement puis un travail et ensuite pourquoi pas, reprendre ses études comme elle l'avait toujours souhaiter. Mais tout ceci n'était qu'un rêve, une gentille utopie qu'elle n'espérait même plus voir se réaliser un jour.

Carson soupira, elle ne voulait pas de son aide et bien que cela torturait sa conscience, il ne pouvait pas y faire grand chose, et puis elle semblait un lourd fardeau sur les épaules mais n'était pas vraiment prête à lui en faire part. En même temps, rien de bien étonnant à cela, elle ne le connaissait ni d'Eve, ni d'Adam, enfin bref il constata qu'il était fort inutile pour lui d'insister plus pour le moment, elle refusait même son argent alors il ne pouvait rien proposer de mieux, il fouilla cependant une nouvelle fois dans son portefeuille et lui tendit sa carte.

" Si, vous vous décidez à demander de l'aide un jour, vous pouvez toujours m'appeler, je m'appelles Carson."

Il lui mit dans les mains d'office, ne lui demandant pas de réponses, et la regarda une dernière fois avec un petit sourire navré sur les lèvres. Il enfouit ses mains dans ses poches, et décida de faire demi tour pour regagner son logement, elle ne voulait pas d'aide et il ne pouvait guère la forcer mais il espérait néanmoins que tôt ou tard, elle se décide à l'appeler.

" Soyez prudente quand même, New york est une ville dangereuse"

Puis sur ces quelques mots, il la quitta et reprit le chemin de son loft, qui était dans les parages, jetant quand même de temps à autre un coup d'œil par dessus son épaule, jusqu'à que la fine silhouette ne disparaisse totalement de sa vue, il regarda alors devant lui, les rues totalement désertes, et il se prit à espérer que rien n'arriverait à la jeune sdf qu'il venait de croiser, en tous cas il devait lui reconnaitre un certain cran que de refuser de l'argent facile et de vouloir se débrouiller par elle même, c'était rare d'avoir ce courage dans une situation si précaire

Il arriva bientôt à la porte de son immeuble, se stoppa quelques secondes, avant de hausser les épaules dans un geste d'impuissance, il avait fait tout ce qui était en son pouvoir et il n'avait pas vraiment de remords à avoir, cependant quelque part sa conscience le travaillait.

Bella savait que quoiqu'elle dise, elle n'arriverait pas vraiment à le réconforter. Mais elle n'y pouvait rien, elle n'allait tout de même pas accepter son argent juste pour lui faire plaisir ou pour soulager sa conscience. Au pire cet argent irait profiter à quelqu'un d'autre. Elle se dit qu'il l'oublierait bien vite, il devait avoir l'habitude des sans abris et ce n'est pas vraiment comme si elle faisait la différence par rapport aux autres. Il ne connaissait rien d'elle ni de son histoire alors elle demeurait une parfaite inconnue. On attache pas vraiment d'importance aux inconnus.
Elle prit tout de même sa carte, se disant qu'elle pouvait bien faire ça pour le rassurer. Et puis sait-on jamais qui dit qu'un jour elle n'en aurait pas besoin. Elle trouvait déjà bien qu'il s'occupe d'elle et trouvait cela étonnant de la part d'un policier. Là où elle vivait avant, peu se souciaient du bien être de la population.

"Carson, d'accord, je m'en souviendrai."

Il y avait peu de chances qu'elle l'appelle, elle le savait bien. Mais pour la première fois depuis très longtemps, elle se sentit un petit peu moins seule. Sensation stupide, après tout elle n'était qu'un cas parmi beaucoup d'autres et il l'aurait très vite oubliée. Cependant cette sensation ne voulait pas disparaître et puis Bella la trouvait agréable et ne voulait pas qu'elle s'évanouisse immédiatement. Elle gardait le même sourire réconfortant. Bien sûr qu'elle savait que New York était une ville dangereuse, elle y vivait depuis toujours mais ça il ne pouvait pas le savoir. Elle acquiesça d'un signe de tête et tourna les talons dans le but de s'en aller. Elle se retourna une dernière fois rapidement puis marcha vers une direction inconnue.

Elle ignorait où elle irait passer la fin de la nuit, mais elle verrait bien. Elle avait un profond désir de s'en sortir, mais savait que cette société se montrait cruelle envers les gens dans sa condition. Elle pouvait juste rester digne malgré le peu d'espoir qu'elle avait de retrouver un jour une vie normale. Mais pour l'instant elle était encore en vie et capable de marcher, c'était l'essentiel.

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