. Une nouvelle habitante. [ Pv Isabella ]

# . Arrondir ses fins de mois. - RUES DE GREENWICH avec Isabella Sawyer

Donc Clyde était responsable du petit déjeuner, une responsabilité à ne pas prendre à la légère si il souhaitait faire quelque chose de correct. Car comme il le disait, la tambouille était plus sa spécialité qu’un repas convenable. A chaque fois qu’il faisait la cuisine, il manquait de mettre le feu. Bon c’était un peu exagéré, mais plus ou moins réaliste. Clyde était plus doué à en faire trop ou pas assez mais jamais il ne trouvait le juste milieu pour la cuisson, ou la dose des ingrédients. Pourtant ce n’était pas faute d’essayer, même avec un livre de recettes sous les yeux. Hors sa mission culinaire de la matinée s’avérait être un petit déjeuner, rien de bien compliqué. Alors Clyde pouvait espérer s’en sortir sans trop de dégâts.

Venant juste de franchir la porte d’entrée, et de se retrouver dans la première pièce de l’appartement, le Texan s’avança un peu, rangeant la clé de l’appart sur lui. Il écoutait Isabella dire que c’était très joli, et lui demandait où elle pouvait poser ses affaires. Toujours son sachet dans la main, il tendit l’autre vers sa nouvelle colocataire.

" Donnes les moi. J’vais les déposer dans ma chambre, qui sera la tienne pendant un moment. Le salon est juste sur ta droite. J’en n’ai pas pour longtemps. "

Fit-il en prenant les affaires de la brune.

Il lui indiqua le salon, pour si elle le souhaitait se reposer sur le canapé qui lui ferait office de lit, en attendant que Clyde dépose les affaires d’Isabella dans sa chambre et ne range les siennes, car question désordre le Texan excellait en la matière. Ce n’était pas sale, mais entre CD audio à droite à gauche, manettes de console de jeux qui trainaient par terre, chaque pas dans la chambre se devait être minutieux pour ne rien casser. En entrant dans sa chambre, Clyde déposa les affaires d’Isabella sur le côté de la porte, puis jeta son sachet au fond de son armoire à vêtements. Il retira vite faite les draps afin de les changer pour Isabella, simple question de normalité. Mais ça, bien sûr après avoir préparé le petit déjeuner, chaque chose en son temps. Draps en main, il prit la direction de la salle de bain en sortant de sa chambre. Il jeta les draps dans le panier à linges sales, une lessive en fin de journée de serait pas du luxe.

De nouveau dans l’entrée, il regarda brièvement où était Isabella, puis le voilà en route et bien décidé pour réussir un bon petit déjeuner. Après quelques minutes passées à jouer au chef cuistot, Clyde s’en était plutôt bien sorti, normal vu qu’aucun légume n’était à découper, rien à faire bouillir ou à chauffer à feu doux, bref il prit la direction du salon, plateau à la main. Il mit le plateau sur la table basse.

" Le déjeuner 5 étoiles de Mademoiselle est avancé. Si Mademoiselle veut se donner la peine d‘y goûter. "

Fit-il doucement avec un léger sourire sur ses lèvres.

Encore une fois il ne tenait pas à la déranger. Son plateau présentait, deux verres de jus d’orange, un bol de lait chaud, le cacao en poudre était mis à côté pour la laisser choisir sa dose, tranches pain de mie grillées ou non grillées, de la pâte à tartiner au chocolat, et une tasse de café pour lui. Tout les couverts prévus pour y étaient. Toujours debout il se saisit d'un cousin posé sur le fauteuil à ses côtés, puis posa ce cousin à terre, et face à la table basse. Clyde s'installa en tailleur dessus pour être à bonne hauteur de la table.

" Si tu souhaites quelque chose d’autre ou en plus, dis le. "

Qui l'aurait cru ? Un Clyde aux petits soins, cette scène était à filmer.

Bella lui donna son sac, puis sa veste après l'avoir retirée. Il faisait chaud dans l'appartement et elle s'y sentait comme dans un cocon, en sécurité. Mais le fait que Clyde suggère de lui donner sa chambre la dérangea. Elle ne voulait pas qu'il change quoique ce soit à ses habitudes juste parce qu'elle était là.

« C'est pas la peine de me donner ta chambre, je peux très bien dormir sur le canapé. »

A côté des endroits où elle avait dormi ces dernières semaines, même un simple matelas posé sur le sol lui aurait paru être un véritable luxe. Elle s'avança dans le salon et regarda longuement la manière dont il avait été aménagé avant de s'assoir tranquillement, puis de s'allonger un peu sur le canapé en attendant qu'il ait préparé le petit déjeuner. Elle se sentait tout de même un peu coupable de rester là à ne rien faire du tout, mais ça lui faisait un bien fou de sentir tous les muscles de son corps se détendre. Elle se laissa sombrer dans un demi-sommeil. Elle entendait Clyde s'activer dans l'appartement mais ça ne la dérangeait pas, c'était comme un bruit de fond. Elle ne pensait plus à ce qui lui était arrivé ces dernières semaines, elle se laissait aller et se reposait et il fallait reconnaître qu'elle en avait bien besoin.

Quelques minutes plus tard une délicieuse odeur de pain grillé mélangé au chocolat vint lui chatouiller les narines et raviva sa faim. Elle ouvrit doucement les yeux tout en souriant à l'idée de pouvoir déguster un bon petit déjeuner. Elle avait tellement faim de toute façon qu'elle se sentait prête à avaler n'importe quoi, mais si c'était bon, c'était mieux. Elle se redressa doucement, le temps que Clyde arrive avec un majestueux plateau.

Citation :: " Le déjeuner 5 étoiles de Mademoiselle est avancé. Si Mademoiselle veut se donner la peine d‘y goûter. "

Bella écarquilla les yeux, et se mordit la lèvre inférieur en souriant. La dernière fois que quelqu'un s'était montré aux petits soins pour elle comme ça c'était... elle ne s'en souvenait pas vraiment. Elle était vraiment surprise que Clyde se donne tout ce mal pour elle et avait l'impression d'être traitée comme une princesse.

« Wahou je ne te savais pas expert dans la préparation du petit déjeuner, je suis vraiment impressionnée. »

Elle avait presque envie de ne rien toucher et de laisser le plateau tel quel, mais elle avait vraiment trop faim pour ça. Elle attrapa une tranche de pain grillé et la tartina de pâte à tartiner au chocolat. Elle avait presque oublié à quel point elle adorait ça. Elle avait toujours été plutôt gourmande et ça lui avait vraiment manqué. Lorsqu'elle en avala la première bouchée elle ne put s'empêcher de fermer les yeux pour profiter du goût. On aurait presque dit que c'était la première fois qu'elle en mangeait.

« C'est encore meilleur que dans mes souvenirs. »

Puis elle but une gorgée de jus d'orange juste avant de répondre à sa question avec un sourire. « Non c'est parfait, merci. » Parfait c'était bien le mot. Il avait vraiment fait un effort pour elle, ce qui la touchait au plus haut point. Elle ne le montrait pas par des grands discours, mais simplement par des sourires et l'enthousiasme dont elle faisait preuve. Elle devait avoir l'air d'une vraie gamine, mais à vrai dire ça lui était égal.

Elle souhaitait donc prendre le canapé en guise de matelas. Clyde comprenait que c’était par politesse et qu’elle voulait déranger le moins possible, hors pour lui elle ne dérangeait pas et c’était aussi par politesse et en toute normalité qu'il souhaitait lui prêter sa chambre. Cependant Clyde ne voulait pas lui imposer ce choix, ce n’était pas une obligation mais juste quelque chose de naturel. En lui ayant proposé de venir vivre à l’appartement un certain temps, c’était évidemment que ça ne le dérangerait pas puisqu’il le proposait. Par rapport à la colocataire, il pensait que ça ne poserait pas de problème, car cette dernière était plus sympathique qu’autre chose. Puis comme un déclic, comme un détail oublié qui vint sursauter dans sa boîte crânienne, Clyde eut une autre idée. Cet appartement était assez grand pour héberger quatre personnes, mais un problème de chambre s’imposait. Cependant une pièce était aménageable en chambre. Cette pièce qui faisait actuellement office de débarras, était prévue pour une nouvelle chambre, mais étant pris de court, aucun aménagement n’avait pu être fait pour l’arrivée d’Isabella. Clyde pourrait y remédier dans la semaine, en attendant il essaierait de la convaincre pour la faire dormir dans sa chambre et non sur le canapé.

" Je serai un bien mauvais gentleman à t’inviter si c’est pout te laisser dormir sur le canapé. "

A ses mots Clyde fit un sourire. Lui gentleman ? Pourquoi pas, la vie était faite de surprise. En tout cas en ce moment il en possédait tout l’étoffe. A croire que durant sa journée il avait pour mission d’établir les dix commandements. Après aider son prochain, quel commandement allait-il effectuer ? En tout cas pour l’instant, son commandement consistait à servir un petit déjeuner copieux. Bien sûr, son plateau donnait l’appétit, chose pour laquelle Clyde ne manquait jamais.

" Oui, je sais, tout le monde me dit ça. "

Fit-il avec un air fier accompagné d’un ton frôlant la plaisanterie.

Même si Clyde était un garçon solitaire et sans attache, il aimait faire plaisir. Et en voyant Isabella sourire devant ce plateau, il en était intérieurement content. Oui, seulement intérieurement, car le Texan n’extériorisait pas ce qu’il ressentait, il était très peu démonstratif afin d'éviter qu'une personne ne s'attache trop à lui pour ensuite devoir jongler entre elle et ses histoires de contrebandes au risque de la mettre dans le pétrin. A chaque fois presque rien ne semblait l’atteindre, tant son visage restait fermé sur les émotions. Il lâchait un sourire de temps à autre, ou une petite phrase taquine, une plaisanterie mais rien de plus. Comme pour l’énervement, Clyde possédait un très grand self-control, quasiment impossible de le faire sortir de ses gondes. Suivant la situation, il optait pour de l’indifférence car comme cité plus haut, rien ne semblait pouvoir l’atteindre, et il savait que l’indifférence était la plus grande des attaques. Sinon, il optait pour son humour décalé et propre à lui-même. En gros soit il jouait la carte indifférence ou la carte arrogance mais sans s'énerver.

" J’en doute pas. Et tu ne trouveras pas meilleur petit déjeuner dans tout Greenwich. "

Encore une fois et ça sur le ton de la plaisanterie, Clyde se lançait des fleurs. Il monta la tasse jusqu’à ses lèvres, et souffla légèrement dessus avant d’en boire une bonne gorgée. Clyde laissait Isabella se servir avant d’attaquer la nourriture. Tenant sa tasse entre ses deux mains, il s’adressa de nouveau à sa nouvelle colocataire temporaire, du moins si finalement elle souhaitait habiter ici tout en continuant sa vie, pas de problème.

" Tu me feras penser à te donner le double de la clé. Et après promis je te laisserai t’installer. "

Bella, c'est vrai, avait cédé sur le petit déjeuner, mais elle ne comptait pas céder sur le reste. Il était hors de question qu'elle lui prenne sa chambre, elle lutterait jusqu'au bout pour avoir le canapé. Elle se voyait mal le déloger et elle ne voulait pas qu'il se dérange juste pour elle, surtout après ce qu'il avait fait. L'accueillir chez lui comme ça, Bella connaissait très peu de personnes qui l'auraient fait à sa place.

Citation :: " Je serai un bien mauvais gentleman à t’inviter si c’est pout te laisser dormir sur le canapé. "

Déjà s'affichait sur le visage de Bella son petit air buté, celui qu'elle prenait toujours lorsqu'elle voulait qu'on lui cède quelque chose. Un air à la fois boudeur et déterminé. Elle n'était pas prête à lâcher prise et la jeune femme était sacrément bornée quand elle le voulait.

« T'as pas besoin d'être un gentleman, et puis c'est moi qui te le demande. »

Devant le plateau du petit déjeuner, elle se servit un peu de chocolat en poudre avec une cuillère et le versa dans son bol de lait chaud. Depuis combien de temps n'avait-elle pas bu une boisson chaude? Elle avait l'impression que ça faisait depuis une éternité. Immédiatement elle sentit la température de son corps remonter. La chaleur se diffusait et c'était vraiment agréable. Elle se sentait vraiment bien, malgré tout ce qu'elle avait traversé et les séquelles qu'elle avait encore sur son corps. Manger lui redonnait de l'énergie, surtout un petit déjeuner aussi copieux, et elle ne se privait pas. La politesse aurait pu l'empêcher de se resservir plusieurs fois si elle n'avait pas eu aussi faim. Et puis elle savait que ça ne dérangerait pas Clyde, s'il avait préparé ça, c'était pour qu'elle le mange. Elle mâchait lentement, profitant de chaque bouchée et retrouvant peu à peu le goût des aliments qu'elle adorait.

Citation :: " Oui, je sais, tout le monde me dit ça. "

« Parce que ça t'arrive souvent de faire le petit déjeuner pour les autres? »

Elle sourit, l'imaginant préparer le repas pour tous ses colocataires tous les matins. Elle le regarda et pensa qu'elle commençait à réellement l'apprécier. Elle devinait qu'il n'aimait pas trop montrer ses sentiments, elle le sentait plutôt réservée sur ce point. La jeune femme s'attachait facilement aux gens, ça lui avait joué des tours par le passé, mais pourtant elle ne pouvait s'empêcher de continuer. C'était un de ses traits de caractère et elle n'y pouvait rien.
Le fait qu'il se lance des fleurs la fit sourire avec amusement.

« Je te crois sur parole, je suis persuadée que je n'aurais pas pu trouver mieux. »

En tout cas ce qui était certain c'est qu'elle aurait eu du mal à trouver quelqu'un qui aurait préparer un tel petit déjeuner rien que pour elle, et gratuitement surtout. Elle finit sa tartine tout en buvant son chocolat chaud. Elle approuva d'un hochement de tête lorsqu'il lui demanda de lui rappeler de lui donner un double de la clef.
Cependant, quelque chose la tracassait depuis qu'il lui avait demandé de vivre provisoirement dans son appartement et elle se décida enfin à poser la question.

« Ça ne va pas déranger tes colocataires que je sois là? »

Elle aurait pu comprendre que ça en dérange certains de voir débarquer une sans abris qu'ils ne connaissaient pas chez eux.

Borné ça il l’était, mais face à une situation où ça mènerait plus à une prise de tête qu’autre chose, il préférait baisser les bras bien qu’il tenait à prêter son lit à Isabella. Mais le voir lâcher aussi vite l’affaire était un peu curieux, non ? Lui qui était qualifiable de têtu, ne pouvait rendre ses armes aussitôt. Alors que tramait-il derrière la tête ? Une idée, sans doute, mais laquelle ? Ca, seul lui le savait. Cette idée, ne serait peut-être pas du goût de la jeune femme, mais au moins elle aura le lit. Clyde ne tenait pas à laisser une femme enceinte, tout juste sortie du calvaire de vivre dans la rue, à dormir dans un simple canapé. Certes un canapé était beaucoup mieux que du macadam ou un banc en bois, mais un lit était encore mieux.

" Très bien… J’te laisse ce bon vieux canapé. "

Sa phrase sonnait juste, enfin ses mots semblaient être loin de cacher quelque chose. Mais de cacher quoi ? Réponse dans le prochain épisode. Bref, dès le lendemain matin, après avoir passé sa nuit dans le canapé, car son idée résidait bien sûr du fait qu’il passe sa nuit dans le canapé et Isabella dans le lit. Après restait plus qu’à savoir comment allait-il s’y prendre… Donc, dès demain matin, Clyde se mettrait à préparer cette pièce aménageable en chambre. Tout les meubles essentiels pour une chambre se trouvaient déjà à l’intérieur, mais en kit… Ses talents de bricolage allaient être mis à l’épreuve, hors pas de problème pour un garçon comme lui qui aimait toucher à tout, surtout à l’illégalité et rien avoir avec ça, à la cuisine, chose à laquelle il préférait plutôt y goûter que d‘y toucher. D’ailleurs en parlant de cuisine, ça amène parfaitement à la phrase suivante de Clyde.

" Seulement à la gente féminine. Alors tu peux t’estimer heureuse d’en faire partie. "

Fit-il avec de l’ironie. Mais une ironie se rapprochant plus de l’humour que du sarcasme.

Clyde ne manqua pas de faire un sourire en coin pour accompagner sa phrase, puis il prit un toast qui quelques secondes après tartina légèrement de pâte à tartiner. Il plia la tartine en deux avant de la plonger à 1/3 dans son café. Croquant dedans à pleine dents, il se remplissait le ventre pour la première fois de la journée avec quelque chose de consistant. Clyde n’était pas un adepte d’un copieux petit déjeuner, mais en voyant le plateau, l’appétit lui était venu tout seul. Tout en mâchant, il se leva du coussin pour se rendre dans la cuisine en prêtant l’oreille à la phrase d’Isabella. Il revint avec deux bouts d’essuie-tout à la main, et répondant à la brune.

" En tout cas tout ce qui compte c’est que ça te plaise. "

Sa gentillesse avait pris le dessus dans ses phrases. Au lieu de se manifestait par des gestes, comme à son habitude, ce trait de caractère venait d’être prouvé oralement. Clyde était un type cool par son attitude qu’il dégageait, mais il possédait aussi ce côté gentiment badboy.

" Non, j’pense pas… Tiens en guise de serviette. "

Fit-il en lui tendant un carré d’essuie-tout, puis il enchaina.

" Ma coloc’ est plutôt sympa, elle sera juste peut-être déçue que je ramène une Demoiselle au lieu d’un jeune homme. "

Encore une fois un sourire s’échappa de ses lèvres alors qu’il se reposait sur le coussin.

" Au fait, j’aimerai t’emmener au plus tôt chez un médecin ou à l’hôpital, pour tes hématomes, et savoir si tout va bien niveau bébé, à moins qu‘il est trop tôt pour savoir quoique ce soit. "

Question bébé, Clyde n’en connaissait pas un rayon, juste le fait que ça porte des couches, le reste nada… Mais, il préférait s’assurer que tout tourne rond pour Isabella.

Bella était plutôt surprise qu'il accepte aussi facilement étant donné qu'il avait tenu à faire le petit déjeuner, mais elle ne dit rien, au moins elle n'aurait pas besoin d'insister. Elle eut un sourire de soulagement, n'imaginant pas qu'il ait quelque chose derrière la tête. Après tout, il ne s'agissait que de qui allait dormir sur le canapé et elle trouvait normal que ce soit elle, qui n'était qu'une invitée. Et ce canapé lui paraissait vraiment le summum du confort après les endroits où elle avait dormi ces dernières semaines.

« Je te remercie. »

Elle se sentait en sécurité, sentiment qu'elle n'avait pas ressenti depuis plusieurs années, en fait depuis la première fois où Max avait levé la main sur elle. Une partie d'elle continuait à avoir peur que ce ne soit que provisoire et que le cauchemar recommence, mais l'autre partie continuait d'espérer que les choses allaient vraiment s'améliorer pour elle.
Bella but son verre de jus d'orange tout en continuant de déguster sa tartine.

Citation :: " Seulement à la gente féminine. Alors tu peux t’estimer heureuse d’en faire partie. "

« Je réalise toute la chance que j'ai. ».

Elle eut un petit rire amusé. Si Bella arrivait à plaisanter, c'est qu'un étape de plus avait été franchie. Elle se rendait compte qu'elle commençait à éprouver une certaine affection pour Clyde, et pas seulement parce qu'il l'avait hébergée. Il avait beau jouer les mauvais garçons, il était plutôt gentil en fait. Elle s'était vraiment trompée sur lui, il n'avait absolument rien à voir avec Max. Etrange d'en arriver à de telles conclusions alors qu'elle ne le connaissait pas il y quelques heures. Si on lui avait dit que celui qui lui tendrait la main serait l'ami de son ancien cher et tendre, elle ne l'aurait tout simplement pas cru. La vie nous joue de ces tours parfois.

Alors que Bella entamait entamait une autre tartine qu'elle trempait de temps à autre dans son bol de chocolat chaud, elle sentit qu'elle commençait à ne plus avoir faim. Etre rassasiée était une sensation qu'elle avait cru oublier et jamais ça ne lui avait paru aussi agréable. Depuis ce matin elle se rendait compte de l'importance de toutes ces petites choses du quotidien qui paraissaient être normales alors qu'elles avaient une importance capitale. Dommage de ne s'en rendre compte qu'après en avoir été privé.

Citation :: " En tout cas tout ce qui compte c’est que ça te plaise. "

« Il aurait fallu être difficile. »

Oui, il était vraiment gentil et elle se sentait rassurée d'être avec lui, d'être ici dans cet appartement. Elle prit l'essui-tout en le remerciant puis s'essuya la bouche avec.
En entendant les mots « médecin » et « hôpital », elle tressaillit. Elle y avait déjà été une fois, elle ne voulait pas y retourner.

« J'y suis déjà allé, ils ont soigné mon bras, mais honnêtement je préfère éviter d'y retourner. Ils finiront par appeler la police et je préfère pas. »

Elle savait qu'à un moment ou un autre elle serait obligée d'y retourner à cause de son bébé, mais pour le moment, elle préférait retarder cette visite le plus possible.

Clyde esquissa un sourire en coin en guise d’un de rien, cachant bien sûr sa petite idée. Mais comme pour ses sentiments ou ses émotions, il cachait très bien ce qu’il pensait, son visage n’était qu’une façade, mais rassurez-vous, derrière cette façade ne se dissimulait pas une idée tordue, comme celle d’assommer Isabella pour la faire dormir dans le lit. Clyde avait une idée simple, sûrement efficace mais qui ne fonctionnerait qu‘une seule fois, affaire à suivre… Isabella ne connaissait pas suffisamment Clyde pour se douter que sa déclinaison si rapide à lui céder le canapé cachait quelque chose. Alors autant s’en servir une fois, et pour une cause qui lui semblait juste, celle de ne pas laisser une invitée pas au mieux de sa forme, à se coltiner un canapé. Clyde ne voyait que le confort d’Isabella, et pas l’envie d’arriver à ses fins dans la fameuse histoire du canapé.

" J’espère bien. "

Fit-il juste avant de s’avaler un bon morceau de toast tartiné de chocolat.

Il jongla entre son café et sa tartine, un coup une gorgée, un coup une bouchée. Tout ça sans donner l’impression qu’il s’empiffrait, mais qu’il était plutôt un bon vivant. Clyde n’était pas difficile avec la nourriture, et encore moins avec la boisson. Dire qu’il forçait un peu trop sur l’alcool n’était pas le terme exact, car il fumait alors une seule nuisance lui était suffisante. Mais, car bien évidemment un mais s’ajoutait, il n’excluait pas l’alcool de sa vie pour autant, un verre de temps en temps. Bon d’accord, la plupart des dépendants à l’alcool disaient ça, mais là c’était vrai, Clyde se passait très bien de bières mais pas de cigarettes… Ca c’était autre chose. Voilà qui mène au fait que le Texan commençait à vouloir sa dose de nicotine, mais pas en présence d’une femme enceinte. Pendant quelques temps, il sera bien obligé d’être à la fenêtre ou d’être à l’extérieur, hors pas question de propager sa fumée un peu partout dans l’appartement. Sa colocataire ne s’était jamais plainte de sa manie à se balader avec une cigarette pendue au bord des lèvres, mais si cela dérangeait rien de plus simple que d’en faire part à Clyde qui s’aviserait de trouver un endroit pour fumer sans gêner.

Là encore, suite à la troisième phrase de la jeune femme, Clyde esquissa juste un sourire sans rien ajouter. Il termina sa tartine avant de consommer le fond du café. Il vint essuyer sa bouche avec l’essuie-tout faisant office de serviette, tout en écoutant les phrases d’Isabella au sujet de l’hôpital.

" J’peux comprendre que tu préfères éviter la police et toutes leurs questions, mais pour l’hôpital tu y seras amener d’une manière ou d’une autre. "

Attendre la disparition des traces de coups pour ne pas éveiller le moindre soupçon au sein de l’hôpital, était peut-être une solution. Cependant, en attendant aucun bilan de santé ne sera attribué à Isabella, et sa grossesse ne sera pas suivie correctement.

" J’vais pas te forcer à y aller, mais je maintiens qu’une visite chez doc et compagnie est préférable… Et puis pour la police ça peut s’arranger, si c’est juste ça qui t’inquiètes. "

Si elle craignait juste que les adeptes du bistouris contact les condés, Clyde avait encore une idée, moins légale que la précédente mais qui pourrait marcher grâce à la duperie. Il détestait rester les bras croisés à ne rien faire, à attendre, alors que tenter en pensant avant aux conséquences finales, résolvait parfois les problèmes.

Bella savait qu'il avait raison, qu'elle serait forcée à un moment ou à un autre de se rendre à l'hôpital. Elle le savait et cette perspective lui faisait plutôt peur. Déjà, elle n'aimait pas tellement l'univers des hôpitaux, les médecins et avait du mal à faire suffisamment confiance à l'un d'entre eux pour se laisser examiner. Mais surtout, elle savait ce qui se passerait ensuite. Ils seraient interloqués par ses hématomes et appelleraient la police. Elle devrait répondre à leurs questions. Et surtout, elle avait toujours peur de Max, peur qu'il l'apprenne et peur de ce qu'il ferait. Elle savait que c'était stupide, il ignorait où elle se trouvait, mais elle ne pouvait s'en empêcher et elle aurait sans doute peur de lui toute sa vie. Cet homme avait marqué sa vie à tout jamais. À cause de lui elle était en miettes, complètement cassée et ça prendrait beaucoup de temps avant qu'elle puisse se reconstruire. Il n'avait malheureusement pas laissé de traces uniquement sur son corps et elle ne pourrait sans doute jamais vraiment l'oublier.

Citation :: " J’vais pas te forcer à y aller, mais je maintiens qu’une visite chez doc et compagnie est préférable… Et puis pour la police ça peut s’arranger, si c’est juste ça qui t’inquiètes. "

Bella fronça les sourcils, se demandant ce qui lui passait par la tête. Dans sa situation elle n'avait pas énormément de possibilité, alors toute idée susceptible de l'aider un peu était la bienvenue. S'il s'agissait d'échapper à la police, elle se doutait que son idée ne devait pas être particulièrement légale, mais au point où elle en était, respecter la loi n'était vraiment pas sa préoccupation première. Elle était prête à l'écouter et à faire ce qu'il proposait si ça pouvait lui éviter des ennuis. Et puis elle pensait que ce serait de la folie d'attendre que les traces aient disparu sur son corps, chose qui prendrait sans doute énormément de temps. Et encore, elle n'était pas totalement sûre que ça suffise pour éviter les questions.

« Tu penses à quoi exactement? »

La jeune femme finit sa tartine et son bol de chocolat chaud tout en réfléchissant. Si elle n'allait pas à l'hôpital, cela pourrait avoir de graves conséquences sur sa grossesse et le fait de ne pas être suivie ne la rassurait pas du tout. Mais si la police intervenait, il y avait des chances que ça tourne mal. Sa situation était plus que précaire, et ils pouvaient très bien interpeler les services sociaux qui lui retireraient son enfant dès sa naissance. C'était la pire chose qu'elle puisse envisager, elle en faisait parfois des cauchemars. Sans même s'en apercevoir, elle avait commencé à s'attacher à ce petit être qui grandissait dans son ventre. Peut-être aurait-il mieux valu qu'elle ne le garde pas après tout. Elle n'avait rien à offrir, ni argent, ni situation. Et peut-être qu'elle ressemblait à sa mère, cette femme qui ne l'avait jamais vraiment regardée comme sa fille. Elle leva les yeux vers Clyde et le regarda.

« Tu crois que je serais une bonne mère? »

Elle ignorait pourquoi elle lui avait posé cette question. Après tout, c'était totalement absurde, ils se connaissaient à peine et il n'en avait probablement pas la moindre idée. Mais il était là, et Bella était dans un de ces moments de doute où elle avait besoin de réponses. Elle avait besoin d'être rassurée, même si c'était un mensonge. Elle n'arrivait pas à se faire confiance seule, il était nécessaire pour elle que quelqu'un lui dise qu'elle pouvait y arriver. Sans ça, elle se sentait perdue.

L’hôpital était redouté par beaucoup de personnes, par crainte peut-être. Clyde lui s’en fichait plus ou moins. Il ne sautait pas de joie si il devait s’y rendre, mais il franchissait la porte d’entrée sans appréhension. Sûrement à cause du fait que la seule fois où il s’y était retrouvé, c’était à la suite d’une chute en skateboard. Oui, étant môme il était assez casse-cou en son genre, toutes les rambardes d’escaliers de sa petite ville natale étaient signées par un trick de Clyde. Et une fois ce sport de glisse sur roulettes l’amena jusqu’à l’hôpital pour quelques points de sutures au niveau du mollet droit. D’ailleurs il en gardait une légère cicatrice.

Elle non plus semblait ne pas avoir trop confiance en la police, et Clyde était de cet avis. Lui moins il les voyait mieux il se portait, car il savait que ses activités inégales, qui n’étaient au point d’être considérées comme des crimes mais juste comme des délits, n’étaient pas du goût de la police. Cependant Clyde était assez malin pour esquiver les filets de la police, mais il se doutait sans l’espérait qu’un jour ou l’autre ses ruses n’aveugleraient plus les condés.

" ... Faut être sûr du coup. J’veux pas t’impliquer dans une de mes idées frauduleuses. "

Son idée sentait l’inégalité à plein nez, mais après tout ce n’était pas un crime loin de là. Hors il ne souhaitait pour rien au monde mêler Isabella à ça, si ce n’était pas une idée en béton que rien ne pouvait détruire. A cet instant, dans sa tête ça cogitait pas mal il se plongeait dans le futur, pensant aux circonstances pouvant être rencontrées lors de la mise en place de l’idée frauduleuse.

" J’ai dans mes affaires un badge qui pourrait bien nous être utile, pour jouer le jeu de la patiente déjà surveillée par un flic. "

Son idée s’éclaircissait, et laissait transparaitre le fait que Clyde possédait un faux badge de policier, et qu’il pouvait s’en servir sans éveiller le moindre soupçon, si la comédie était bien jouée. Et là, si Isabella se rendait à l’hôpital avec un agent de police chargé de l’accompagner, pourquoi l’hôpital appellerait au siège de la police ? Mais personne en pouvait prévoir la réaction imprévue d’un médecin.

Voilà une question à laquelle Clyde ne s’y attendait pas. Il fut un peu surpris, mais ne laissa rien paraître. Que répondre ? Il ne la connaissait pas trop, mais il ne doutait pas qu’à l’avenir Isabella aura l’étoffe d’une maman modèle, une fois le bébé dans ses bras.

" Je te mentirai en te disant non. Et crois moi que quand ce bébé aura ouvert les yeux, tu auras au même moment ce don de l’élever correctement et d‘être une bonne mère. "

En entendant le terme d'idée frauduleuse, la jeune femme fut davantage intriguée. Mais elle était prête à entendre tout ce qu'il dirait. S'il avait une solution, elle était prête à suivre sa suggestion. Elle avait deviné depuis le début que la légalité n'était pas vraiment son fort. Mais la jeune femme n'était pas du genre moralisatrice et dans sa situation ce n'était pas vraiment comme si elle avait le choix. Elle avait vécu sept ans avec un homme violent et plus de deux semaines dans la rue, alors la légalité lui passait bien au-dessus. Bien évidemment elle n'était pas non plus prête à faire n'importe quoi.

Citation :: " J’ai dans mes affaires un badge qui pourrait bien nous être utile, pour jouer le jeu de la patiente déjà surveillée par un flic. "

Bella écarquilla les yeux, elle ne s'attendait vraiment pas à ça. C'était risqué, vraiment très risqué, surtout qu'elle était une très mauvaise menteuse et s'ils tombaient sur des médecins particulièrement zélés, une simple plaque ne suffirait pas. Et elle se rappela d'un détail, un détail qui risquait de rendre la réalisation de ce plan impossible.

« Ça ne marchera pas, à l'hôpital j'ai un peu fais connaissance avec l'interne qui m'a soignée et il n'avalera jamais ça. »

Elle ignorait comment il s'était procuré ce fameux badge, mais n'avait pas l'intention de le lui demander. Après tout ce genre de choses ne la regardait pas vraiment et elle n'avait pas tellement envie de trop en savoir sur toutes ses combines. Elle avait déjà bien assez de problèmes à régler pour le moment et il avait la gentillesse de l'héberger et de s'occuper d'elle, elle n'allait pas commencer à se montrer curieuse et indiscrète.

Elle avait regretté de lui avoir posé ce genre de question. Pourtant, elle se sentait soulagée de la réponse, même si il était probable qu'il n'avait pas la moindre idée de la réponse. Après, tout, qui peut prévoir ce qui va arriver? Peut-être que tout tournerait mal et qu'elle serait exactement comme sa mère à elle. Elle lui fit un sourire reconnaissant.

« Merci. »

Elle avait fini de prendre son petit-déjeuner et pour la première fois depuis des jours, elle ne ressentait plus aucune sensation de faim. Elle regarda pour voir s'il avait à peu près terminé.

« Est-ce que je peux prendre une douche? Pas la peine de te déranger je trouverai tout toute seule. »

» Isabella Sawyer
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