. Arrondir ses fins de mois. [ Pv Isabella ]

8:47 A.M. BROWNSTONES.

Voilà une nouvelle matinée où à peine réveillé la fatigue se faisait déjà ressentir dans les yeux de Clyde, qui peinaient à s’ouvrir face à la lueur du soleil qui passait dans les jeux du volet et perçait les fibres du rideau. Un, puis le second œil ouvert, Clyde ne tenait pas à rester au lit plus longtemps même si la fatigue le guettait en début de cette matinée, il n’aimait pas rester sous la couette sachant que l’effet de fatigue n’était que temporaire. C’était toujours la même chose après des soirées plutôt bien remplies, dès son réveil Clyde éprouvait le besoin de dormir mais une fois la journée lancée cette sensation de sommeil disparaissait. En un mouvement, la couette se retrouvait en boule à la fin du lit, deux secondes plus tard les pieds du Texan côtoyaient le parquet de sa chambre, avant de le guider dans la salle de bains, où comme tout les matins un rituel se produisait. Une fois savonné, rincé et toute la panoplie qui allait avec, Clyde changea de pièce pour se rendre dans celle qu’il venait de quitter une vingtaine de minutes auparavant. Une serviette de bain autour de la taille, il choisissait sa tenue pas forcément originale mais qui lui correspondait. Un boxer blanc, un jeans délavé, une chemise blanche, une paire de chaussettes, puis un dernier coup de serviette sur ses cheveux pour les aider à sécher. Pour poursuivre le rituel habituel, Clyde continua dans la cuisine où il alla se préparer un bon café. Un bref coup d’œil par la fenêtre puis sur l’heure, d’ailleurs en relevant son poignet gauche vers ses yeux il remarqua l’absence de sa montre. En moins de deux le revoilà dans sa chambre, prenant sa montre posée sur la table de nuit et l’enroulant ensuite autour de son poignet. De nouveau dans la cuisine, le café se faisait comme toujours attendre par sa lenteur à se faire. Mais malgré l’attente, le café était délicieux, et Clyde n’était pas prêt à changer de cafetière temps que celle-ci ne rendait pas l’âme. Enfin bref, le café fin prêt, le Texan n’avait plus qu’à se servir et profitait de sa tasse avant de profiter de sa journée de repos, même si il se doutait que son patron lui solliciterait de l’aide en l’appelant. A chaque fois que Clyde prenait un jour de congé, son patron le lui sucrait, ce qui était presque devenu une habitude, mais pas forcément une mauvaise habitude puisque Clyde était tout de même payé pour le dérangement. Sauf qu’aujourd’hui il espérait ne pas être appelé car sa journée ne lui permettait pas, ayant déjà quelque chose de prévu.

Sa tasse ingurgitée, Clyde ne ressentait plus une once de fatigue, comme quoi ce n’était que passager. Un dernier tour dans sa chambre, histoire de s’équiper de son portable, son paquet de cigarettes dont il venait d’en tirer une, son blouson en cuir noir posé sur son épaule droite et son portefeuilles rangé dans la poche arrière droite de son jeans. Avant de sortir de sa chambre, Clyde saisit au passage le maigre trousseau de clés posé sur son bureau qui méritait un peu de rangement. Devant la porte d’entrée, Clyde enfila ses Converses noires, sa cigarette pas encore allumée quitta ses lèvres pour tomber sur le sol. En se relevant, Clyde ne manqua pas de la reprendre, et ne manqua surtout pas de se cogner le crâne à la poignée de la porte, là un léger juron s’échappa de la bouche du brun. Après ses petits périples matinaux, Clyde sortit de l’appartement en fermant derrière lui. Empruntant les escaliers, il se dirigea vers le parking où surprise, une rayure s’était invitée sur la carrosserie durant la nuit. Un mince froncement de sourcils se fit voir sur la visage du jeune homme. En y regardant de plus près, rien de bien alarmant ne se présentait aux yeux de Clyde, qui pouvait très bien arranger ça. Il monta dans son Américaine, sortant ensuite du parking où le bruit de la Dodge Challenger résonnait.

9:45 A.M. RUE DE GREENWICH.

Arrivé à destination, Clyde gara sa voiture dans un coin caché d’une rue plus ou moins fréquentable. De l’extérieur cette rue était des plus banales quoique c’était quand même la rue par excellence où les reventes d’objets volés faisaient fureur. Mais aussi la rue où les lieux s’y trouvant cachaient une autre facette derrière leurs vitrines illuminées de jour comme de nuit. Hors cette facette là n’intéressait pas Clyde, qui se trouvait là pour la première option. Adossé contre sa voiture, mains dans les poches, cigarette allumée au bord des lèvres, le Texan attendait l’arrivée d’un acheteur intéressé par les objets volés se trouvant dans le coffre de la Dodge Challenger. Clyde se demandait pourquoi faire un cet échange en début de journée ? Peut-être par ruse pour la police qui surveillait plus de nuit ? Mais bon, tant qu'il avait son argent, cette question était sans importance. Clyde retombait donc dans ce qu’il s’était promis de ne plus connaître en venant ici à New-York… Mais après tout, les promesses étaient faites pour ne pas être tenues, c’était bien connu. Voilà qu’une question se posait, était-ce trop tard pour lui de reculer, pour tenir sa promesse ? Non. Mais, après tout si Clyde s’engageait à nouveau à ne plus se fourrer dans de sales histoires, il était quasiment certain de recommencer une nouvelle fois. Car un tigre garde toujours les mêmes rayures… Mais en attendant ce tigre qu’était Clyde restait adossé à sa voiture, patientant pour effectuer l’échange où de cette façon il arrondirait ses fins de mois.

Bella ne se rappelait plus la dernière fois qu'elle avait été aussi fatiguée. Jamais sans doute. Elle était épuisée physiquement autant que psychologiquement. Tous les muscles de son corps la faisait souffrir et elle avait l'impression d'être continuellement comme assommée. Elle se demandait comment elle arrivait encore à tenir debout et à mettre un pied devant l'autre. Elle avait sans cesse le sentiment que son corps n'était plus qu'une machine et qu'elle le regardait évoluer de l'extérieur. Mais depuis quelques jours, Bella ne prenait plus vraiment la peine de marcher à travers les rues de la ville. En général elle trouvait un coin tranquille où s'assoir et y restait pour la journée. Du moment que personne ne venait la déranger ou la menacer, ça allait. Elle dormait la plupart du temps, c'était ce qui l'aidait à oublier la faim et la fatigue psychologique. Elle était sur la mauvaise pente, elle le savait, mais comment aurait-elle pu faire autrement? Elle faisait partie des laisser pour compte, ceux que l'on oublie et que l'on aimerait voir disparaître car ils représentent une vérité qui dérange. Bella était plutôt du genre discrète et n'attirait pas beaucoup l'attention, ce qui expliquait qu'elle avait pu éviter d'avoir de trop gros ennuis jusqu'à maintenant. Elle aurait pu aller voir la police et leur raconter tout ce qui s'était passé, mais elle n'avait pas vraiment confiance en eux. Et elle avait vraiment peur de ce que pourrait lui faire son ancien petit ami si jamais elle le dénonçait. Et puis pourquoi quelqu'un l'aiderait, elle? Elle ne possédait absolument rien, elle n'avait rien, elle n'était rien. Elle avait tous les jours l'impression de davantage de marginaliser, de se mettre à l'écart de la société. Elle aurait tant voulu que tout soit différent. Elle aurait voulu continuer à travailler et poursuivre ses études. Jamais elle n'aurait dû se mettre en couple si vite. Elle aurait dû se rendre compte que son petit ami était un vrai malade et qu'il était en train de détruire sa vie, de la détruire. Maintenant elle était à la rue et attendait un enfant. Si jamais par chance elle s'en sortait et qu'elle réussissait à le garder, on le lui retirerait immédiatement avec les antécédents qu'elle avait. Elle ne voulait pas qu'il souffre à cause d'elle, elle ne savait que trop bien ce que c'était que d'être abandonnée par sa propre mère.

Le soir en général, Bella se cherchait un coin tranquille où elle pourrait dormir sans être trop dérangée. Elle marchait assez longtemps afin d'être à peu près sûre que ce serait un endroit où on ne la dérangerait pas. Elle ne dormait jamais vraiment profondément, il valait toujours mieux rester sur ses gardes. Dehors il pouvait arriver n'importe quoi, un tas de gens bizarres trainaient et on ne pouvait pas savoir ce qu'ils avaient en tête.

Au bout d'un certain temps, la jeune femme finit par trouver un coin contre un mur, un peu isolé au bout d'une rue qui semblait plus ou moins bien fréquentée, mais peu importe. Là au moins elle ne gênerait personne et elle espérait qu'on la laisserait tranquille. Elle s'installa, plaçant sa veste au-dessus d'elle en guise de couverture et se servant de son sac comme d'un oreiller. Comme toujours elle eut du mal à s'endormir mais finit par fermer les yeux au bout d'un certain temps.

Quelques heures plus tard, elle n'aurait su dire combien, elle commença à entendre du bruit autour d'elle, mais dormait encore à moitié. Visiblement c'était le matin et partout dans la rue avaient lieu des ventes ou des reventes d'objets dont la provenance était plutôt louche. Bella sentait toute cette agitation autour d'elle mais ne pouvait se résoudre à ouvrir les yeux. Elle se sentait comme une enfant qui le matin rechigne à se réveiller pour aller à l'école, sauf que là le réveil serait encore moins agréable. Elle dormait face au mur et tournait le dos à la rue. Elle comptait rester là encore un petit bout de temps, lorsqu'elle sentit un impact dans le bas de son dos. Elle étouffa une expression de douleur et entendit une voix d'homme lui ordonner de s'en aller, mais d'une façon beaucoup moins polie. Elle se redressa et se tourna dans sa direction. C'était un homme d'une quarantaine d'années environ, brun aux cheveux légèrement grisonnants qui avait l'air plutôt impatient et de mauvaise humeur. Bella ne préférait pas discuter avec ce genre de type, elle savait comment ça pourrait finir, et elle n'était pas vraiment apte à se défendre, surtout physiquement. Elle rangea ses affaires. L'homme dut trouver qu'elle était visiblement trop lente car il l'attrapa par le bras pour l'obliger à se relever. Elle se recula brutalement, se dégageant de son étreinte.

« Pas la peine de me faire mal, je m'en vais! »

Pour résumer, la vie de Clyde était loin d’être un comte de fée. Sa vie n’était pas forcément une réussite, pour ne pas dire un échec. A chaque fois que le bout du tunnel se présentait, l’obscurité rattrapait le Texan. Rien dans sa vie n’était une anecdote sage et croustillante à raconter à ses bambins, du moins ses futurs bambins. Cependant Clyde n’envisageait pas de jouer le rôle de père, non pas qu’il le fuirait comme son propre père, mais la fibre paternel ne semblait pas être son point fort. Après tout l’occasion ne s’était jamais présentée et peut-être que Clyde possédait cette qualité latente du papa modèle. Hors pour l’instant la période des couches-culottes ne pointait pas le bout de son nez, pas d’inquiétude à avoir pour Clyde. Bien qu’il n’était pas un enfant de chœur, l’une des choses qui l’écœurait le plus était cette lâcheté, comme celle de son père ou bien un autre genre. Faire preuve de lâcheté n’était pas pour lui, il assumait ses actes bons ou mauvais, il savait ce qu’il faisait mais y réfléchissait tout de même. Il se posait toujours la même question avant d’entreprendre quelque chose : quelles seront les conséquences de ses actes ? Ses actes menaient toujours à de sales histoires certes, mais dans lesquelles il se fourrait tout seul, jamais il n’entraînait quelqu’un d’autre avec lui. Comme dans le cas actuel, où Clyde reprenait du service dans le monde de la magouille.

Inspirant et expirant la fumée de sa sèche, le Texan vint se décoller de sa voiture lorsqu’une voix rauque ainsi qu'une vois féminine se firent entendre non loin de lui. Ses yeux azur se tournèrent vers l’endroit d’où provenait le son, ses sourcils se froncèrent non pas pour lui mieux voir, mais uniquement parce que la jeune femme qui venait de parler ne lui était pas inconnue. Aussitôt il chercha de mettre un nom sur ce visage, mais seul le contexte dans lequel il l’avait rencontré lui revenait à l’esprit… Max, était l’ancien petit ami de cette fille, et Clyde le connaissait, voilà ce qui expliquait pourquoi le visage de la brune lui disait quelque chose. Tout en regardant la scène, il jeta son mégot au sol avant de l’écraser sous son pied droit et d’avancer vers la fille et le quadragénaire.

" C’est bon… "

Fit-il à l’homme.

" Va plutôt jeter un coup d’œil, sur le colis qui t’attend dans le coffre… C'est ouvert. "

Cet homme que Clyde connaissait plus ou moins vint passer à côté de lui pour se diriger vers la voiture. Clyde le stoppa en lui maintenant l’avant-bras, puis le regarda dans les yeux.

" Par contre ça, ça reste avec moi. "

Fit-il en désignant du regard le sachet que tenait l’homme dans sa main.

Sans demander la permission, le Texan vint se saisir du sachet, lâchant la prise qu’il tenait sur l’homme. Malgré le fait que Clyde le laissait aller seul pour récupérer la marchandise, il ne le quitta pas des yeux avant que ce dernier ne ferme le coffre après s’être emparer du carton. Son regard se tourna sur la jeune femme dont le prénom lui était revenu entre temps. Isabella, elle s’appelait Isabella. Il la voyait de temps à autre, mais par l’intermédiaire de Max. D’ailleurs, ce dernier ne donnait plus de signe de vie à Clyde, qui ne savait pas réellement ce qui c’était passé entre Isabella et Max.

" Navré que la Belle au bois dormant ce soit faite réveillée de la sorte. Mais cet endroit n’est pas conseillé à une princesse. "

Clyde ne savait que trop peu, comment elle en était arrivée là, à dormir dans la rue. A moins qu’elle terminait sa cuite d'hier soir, mais c’était peu probable. Il se doutait qu’elle avait passé sa nuit là de son plein gré, et que ce n’était pas la première fois. Clyde s’en moquait un peu qu’Isabella l’ait surpris dans son activité malhonnête, car il voyait bien que cette situation était le cadet des soucis de la jeune femme.

Ces derniers temps, la vie n'avait pas vraiment fait de cadeau à Bella. En réalité, pas seulement ces derniers temps, mais toute sa vie plutôt. A chaque fois que la situation était sur le point de s'améliorer, sa vie devenait encore pire. Elle était tombée amoureuse, mais son petite amis s'était avéré être un vrai malade. Elle était tombée enceinte mais s'était fait jetée à la rue lorsqu'elle lui avait annoncé la nouvelle. Elle ignorait combien de temps elle survivrait ainsi. Quelques semaines, quelques mois peut-être. Elle n'était pas de taille à vivre ainsi, surtout dans son état actuel. Un jour elle n'aurait plus de force, elle serait trop fatiguée pour continuer. Elle n'avait jamais voulu que son existence soit ainsi, elle lui avait comme échappé. Depuis bien longtemps elle ne contrôlait plus rien de sa vie. Tout ça n'avait été provoqué que par des éléments extérieurs, une accumulation de malchance sur une seule personne. Sauf en ce qui concernait Max, là ça avait été son choix, un mauvais choix, sans doute le pire qu'elle ait jamais fait. Elle était jeune, un peu naïve et avait désespérément besoin d'être aimée. Elle avait fermé les yeux sur les défauts de cette homme dont elle croyait être aimée. Car en vérité ce n'était pas de l'amour, on ne détruit pas ce qu'on aime. Elle avait mis tant de temps à s'en rendre compte! Maintenant c'était trop tard, elle était face à un mur et il n'y avait plus d'issue. Elle n'avait plus personne, personne ne viendrait la chercher pour la sauver.

Bella allait s'en aller rapidement sans demander son reste, lorsqu'elle aperçut un jeune homme bruns aux yeux très bleus qui s'avança vers eux. Elle n'eut pas besoin de réfléchir, elle le reconnut immédiatement. Elle l'avait vu de temps en temps et il était presque la seule personne qu'elle avait fréquentée ne serait-ce qu'un peu lorsqu'elle était en couple avec Max. Il avait bien atteint son objectif, il avait réussit à la manipuler pour la couper de tous ses amis.
Ce jeune homme s'appelait Clyde, et Bella ne cessait de le fixer d'un regard presque haineux. Il était l'ami de Max et elle avait toujours été persuadée qu'il était au courant de ce qui se passait chez eux, elle ne voyait pas comment il aurait pu ne pas s'en douter. Il parla à l'homme qu'il l'avait secouée et lui proposa de la marchandise, sans doute volée après lui avoir pris le sachet de poudre blanche qu'il tenait à la main. Ses petits trafics louches, elle s'en fichait un peu, elle ne cessait de le fixer, immobile. Elle avait vraiment envie de lui sauter au cou et de l'étrangler, mais elle resta là à le regarder, se demandant comment elle allait réagir s'il venait lui parler.

Citation :: " Navré que la Belle au bois dormant ce soit faite réveillée de la sorte. Mais cet endroit n’est pas conseillé à une princesse. "

Bella à ces paroles eut un sourire plutôt sarcastique, mais son regard était toujours à la fois méfiant et haineux. Elle le détestait vraiment, presque autant que Max. Elle était persuadée qu'il était au courant de tout, après tout ils étaient amis et elle n'avait pas la moindre confiance en Clyde, elle n'en avait jamais eut.

« Tiens, tu te préoccupe de mon sort maintenant? Te fatigue pas. Je sais pas ce qui me retient de te mettre mon poing dans la figure. »

Elle se retenait de se mettre vraiment en colère. Mais elle n'avait pas envie de gaspiller le peu d'énergie qu'il lui restait pour ce type. Elle attrapa son sac qui était toujours posé au sol et le mis sur son épaule. Elle comptait partir le plus loin possible, espérant ne jamais le recroiser. Mais elle se ravisa, préférant lui demander une dernière chose d'abord.

« Ne lui dit pas que tu m'as vu. »

Inutile de dire qui était il, elle se doutait bien qu'il le savait déjà. Au moins, cette colère qu'elle avait éprouvée contre lui lui avait redonné des forces et une motivation supplémentaire pour continuer à avancer. En tout cas, mieux valait ne pas rester là trop longtemps. Il était ami avec Max, il était bien capable de s'en prendre à elle aussi.

Apparemment sa venue n’était pas des plus appréciée. Non pas qu’il fit celui qui ne comprenait pas la réaction de la jeune femme, mais pour une fois qu’il se montrait un peu conciliant, ça lui apportait que du mépris. Après tout, Isabella s’était fixée l’idée qu’elle s’était faite de Clyde, sûrement que pour elle, il était la copie conforme de Max. Certes, Clyde n’était pas la personne la plus fréquentable de New-York, mais de là dire qu’il était comme Max, en ce qui concernait le comportement que ce dernier possédait envers Isabella, ce n’était pas la vérité. Pour preuve, un ancien petit ami de la sœur de Clyde, leva une fois la main sur elle, une fois de trop pour le Texan qui à l’annonce de cette histoire, alla voir le type et lui conseilla entre plusieurs coups poings de faire une croix sur sa sœur Kay, si celui-ci tenait à sa petite personne. Une bonne leçon puisque le gars préféra s’éclipser pour de bon de la vie de Kay. Face à ces situations trop courantes, Clyde n’était pas du genre à rester les bras croisées. Alors qu’Isabella sous-entendait le fait que Clyde n’était pas là pour elle dans les moments difficiles, il eut un léger froncement de sourcils, sûrement dû à un doute dans sa tête. Lui qui ne voyait qu’occasionnellement pour ne pas dire rarement Isabella, ne pouvait se douter de ce qui se passait dans le couple à l‘époque. Alors que Max n‘établissait jamais la vérité face à Clyde, à quoi bon se vanter d‘une telle chose. Et si Clyde apprenait la vérité, trop tard certes mais si il l’apprenait, comment réagirait-il ? Certainement pas en je-m'en-foutiste.

" Désolé de m’inquiéter alors… "

Il ne savait pas trop comment Isabella le percevait, mais certainement pas comme quelqu’un de confiance, surtout qu’elle se retenait de le frapper, elle ne devait pas le porter dans son cœur. Tant mieux dans un sens, Clyde n’aimait pas qu’une personne s’attache à lui, car tôt ou tard, cette personne serait déçue de lui, à cause de ses histoires, et du fait qu’il ne montrait aucun sentiment, voir aucune émotion. Il n’avertissait pas les personnes et essayait plutôt de les dissuader d’apprendre à le connaitre. Car après tout, Clyde était quelqu’un de détestable par son comportement arrogant, mais qui possédait un bon fond. Si il n’avait pas d’attache, c’était pour une bonne raison, sa vie ne lui permettait pas d’impliquer une autre personne que lui dans ses histoires, au risque de lui attirer à elle aussi des ennuis.

" Y a pas de risque là-dessus. "

Ce qui sous-entendait que Clyde ne voyait plus Max depuis un bon moment. Oui, les deux jeunes hommes ne se donnèrent plus signe de vie, bref pas de nouvelle, bonne nouvelle. C’était juste après la rupture d’Isabella et Max, ce dernier prétendait au Texan qu’il avait besoin de se retrouver seul et depuis plus rien, juste deux ou trois réponses aux messages mais c'était tout. Clyde ne connaissait toujours pas la vraie raison ou les vraies raisons de la rupture, car Max ne s’était pas trouvé très bavard à ce sujet.

" Et tu vas aller où comme ça ? "

Fit-il en la regardant s’éloigner.

" Okay ça me regarde pas, et j’m’attend à cette réponse de ta part. Mais si j'ai ou pas fait quelque chose, laisse-moi au moins me rattraper. "

Clyde n’aimait être aidé, mais si son aide à lui s’avérait être utile pour quelqu’un, il tenterait quelque chose. Bien qu’Isabella serait sûrement la dernière personne à accepter son aide, il préférait tenter, car qui ne tente rien n’a rien. Sans en avoir l’air, il ne pouvait s’empêcher de faire cogiter sa matière grise afin de connaître une vérité sur tout ça. Que cachait la situation actuelle de la jeune femme ? Elle était à la rue, ça Clyde l’avait remarqué mais comment en était-elle arrivée là… Ses sourcils se froncèrent à nouveau, suite au même doute qui persistait. Une panoplie de scénario était possible, mais un seul le titillait.

" Dis moi la vérité… Y est jamais trop tard. "

Ah oui, en ce qui concernait le sachet, Clyde le tenait toujours dans sa main droite. Même si ce sachet semblait à première vue contenir cette substance blanchâtre, ce n'était pas ça, mais simplement quelques billets en échange de la marchandise refourguée juste avant.

Dans l'esprit de Bella, si Clyde était ou avait été l'ami de Max, c'est qu'il avait des points communs avec lui. Après tout ce qu'il lui avait fait subir, il était normal qu'elle s'en méfie, bien que Clyde n'ait rien à voir avec tout ce qui s'était produit dans sa vie. Elle ne l'avait vu que rarement, mais elle n'avait pas eu l'occasion ni le courage de dire ce qu'elle pensait au responsable de tout ce gâchis, alors il lui en fallait bien un, de responsable et pourquoi pas Clyde? Elle n'avait jamais vraiment su ce que son ex petit ami faisait exactement avec ses amis et de quoi il parlait. Mais Max avait toujours été arrogant et sûr de lui du moins avec elle. Il avait l'air du genre à étaler ses histoire, et de toute façon elle n'était pas apte à y réfléchir calmement et à faire la part des choses. Pour elle, Clyde était exactement comme lui et c'était tout. D'ailleurs elle n'avait pas l'intention de s'attarder auprès de lui, elle n'avait pas envie que tout recommence comme avant, elle n'était pas inconsciente à ce point.

Citation :: " Désolé de m’inquiéter alors… "

Là ce fut la goutte d'eau. Elle ne pouvait pas croire qu'il s'inquiétait réellement à son sujet, c'était impossible. C'était avant qu'il aurait dû s'inquiéter, maintenant c'était trop tard, le mal était fait et il était irréparable. Elle eut un sourire ironique, même si pour le moment la situation était loin de la faire rire.

« Ben voyons, tu es exactement comme lui, c'est pour ça que vous étiez amis, non? »

Elle voulait qu'il le dise, qu'il dise très clairement qu'il était au courant depuis le début, de n'importe quelle façon, même si c'était difficile à entendre. Ainsi, elle pourrait le haïr comme il le méritait. Elle avait besoin d'éprouver de la colère envers quelqu'un, un sentiment qui serait un moteur et une source d'énergie supplémentaire.

Citation :: " Y a pas de risque là-dessus. "

A cette réponse elle fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'il sous-entendait exactement? Qu'ils avaient coupés les ponts, et pour quelle raison? Une partie d'elle aurait bien voulu le savoir, mais l'autre ne voulait plus rien savoir de la vie de Max. Elle voulait l'oublier, tout simplement, mais au fond elle savait qu'elle ne le pourrait jamais. Il serait toujours présent dans son esprit, dans ses cauchemars. A chaque fois qu'elle verrait une silhouette lui ressemblant dans la rue, elle se retournerait, la peur au ventre.
Où elle allait? C'est vrai, elle lui aurait sans doute répondu que ça ne le regardait pas, mais la vérité était qu'elle n'en savait absolument rien et elle préférait d'ailleurs ne pas le savoir. Elle avait peur de l'avenir, peur de ce qui allait lui arriver et elle savait que ce ne serait rien de bon. Elle allait se sentir de plus en plus faible, jusqu'au jour où elle aurait à peine la force de se lever, la suite, elle préférait éviter d'y penser.

« Te rattraper? Y a plus rien à rattraper, comment tu voudrais rattraper ça? »

Sur ces mots, elle écarta ses cheveux pour exhiber les traces de coups qu'elle avait sur le front et les tempes. Elle qui jusque là avait été persuadée qu'il était au courant de tout commençait à en douter. Mais en même temps elle ne voyait pas comment en fréquentant Max il aurait pu tout ignorer. Ou alors il n'avait rien voulu voir, rien voulu savoir.
Elle, elle pensait qu'il était trop tard. Il lui demandait là vérité? Elle allait la lui dire puisqu'il la voulait tant. Ensuite, lorsqu'elle aurait satisfait sa curiosité, elle pourrait partir et ils continueraient tous les deux leur vie comme si rien ne s'était passé.

« T'as vraiment envie de savoir? Ton précieux ami m'a viré de son appartement quand je lui ait dit que j'attendais son gosse, voilà ce qui s'est passé! Satisfait? Maintenant laisse-moi tranquille. »

Elle ressentait le besoin de partir loin d'ici. Elle aurait voulu ne jamais le croiser, il lui rappelait beaucoup trop de mauvais souvenirs. Elle avait été en colère jusque là, maintenant elle avait surtout envie de pleurer. Avoir dit tout ça avait été assez éprouvant, et elle était complètement épuisée, autant physiquement que moralement, elle sentait ses nerfs lâcher.

Si elle souhaitait se défouler, Clyde serait sûrement le premier à en être informé, si il restait aux côtés de la jeune femme. Peut-être qu’après un bon défoulement, elle irait mieux, du moins pas complètement mais ça ne pouvait pas lui faire du mal. Clyde se demandait pour qui elle le prenait vraiment, pour la réplique de Max, sans doute. Hors frapper et abandonner sa compagne était pour Clyde du déjà vécu. Non pas que c’était lui le responsable, mais entre l’abandon de son père, et l’ancien petit ami violent de sa sœur, il possédait de réelles raisons de ne pas aimer ces comportements. De plus Isabella semblait lui reprocher d’être comme ça. A cet instant, il ne savait pas trop comment elle le percevait, mais il n’allait pas tarder à le savoir.

" Ouais on était amis, et c’est pas ça qui te prouve que je suis comme lui. "

De toute façon, les mots sortant de sa bouche ne faisaient qu’énerver la jeune femme. De plus, il ne souhaitait pas trop qu’elle lui saute à la gorge, parce qu’elle venait de trouver la personne sur laquelle elle pouvait se venger. Même si elle venait à le gifler, Clyde ne riposterait pas. Il savait se battre, mais face à une femme ses mains ne servaient à rien d’autre qu’à la retenir de frapper, essayant de la calmer.

Clyde voulait faire quelque chose pour elle, pour se rattraper, mais ne sachant pas encore sur quoi. Bientôt il obtiendrait la réponse, et trouvera peut-être quoi faire, même si donner une raclée à Max était trop tard, d’autres solutions pouvaient arranger les choses. Tout problème comportait une solution, mais les problèmes de Clyde eux, ne comportaient que des solutions foireuses, un manque de chance sans doute…

Oui, face à ses traces qu’il apercevait sur le front et les tempes de la fille, Clyde n’était pas apte à rattraper ça. En apprenant ce qui se passait derrière les murs de l’appartement de Max, sûrement que la tornure des événements n'en serait pas arrivée là. Clyde resta muet pour qu’Isabella donne la réponse qu’il attendait. Cette histoire lui rappelait son père, et rien qu’à cette pensée, son regard exprima de la froideur. Non seulement de vivre dehors, elle était enceinte.

" Non pas vraiment… "

Fit-il en rendant son regard moins froid.

" Je s’rai satisfait quand toi et le bambin que tu portes, troqueront le macadam pour un matelas. "

Il tenait à l’aider, ou plutôt à les aider, car en un instant elle était devenu eux. Mais que pouvait-il faire ? Ca ce n’était pas vraiment un problème, puisque Clyde savait un peu près quoi répondre à cette question. Une seule chose était à savoir, Isabella accepterait-elle cette aide venant de Clyde ? N’ayant rien pu faire dans le passé, il pouvait peut-être assurer un meilleur avenir à cette future maman.

C'est vrai, elle avait eu vraiment, vraiment envie de le frapper. Elle avait vu en lui l'homme qui l'avait terrorisée pendant tant d'années, uniquement parce qu'ils se connaissaient et qu'il était la première personne qui lui rappelait Max depuis longtemps. Quelque part elle avait peur de Clyde, peur qu'il soit exactement comme lui et peur de replonger dans le même cauchemar. Elle avait mis tant de temps à se réveiller et à réaliser ce qu'il était vraiment. Pendant des années elle lui avait pardonné les pires horreurs, l'avait cru lorsqu'il disait qu'il l'aimait et qu'il voulait changer. Il ne l'aimait [i]pas, ne l'avait jamais aimée. Elle était son jouet, sa propriété. Pourquoi ne l'avait-elle pas réalisé plus tôt, pourquoi n'était-elle pas partie? Peut-être parce qu'elle l'aimait, bien qu'il soit un monstre, et qu'elle avait eu peur de se retrouver seule.

Citation :: " Ouais on était amis, et c’est pas ça qui te prouve que je suis comme lui. "

Cette simple phrase eut l'effet de la faire redescendre sur terre. Il avait parfaitement raison, ils avaient beau se connaître, ils n'étaient pas pour autant des copies conformes. Peut-être qu'elle s'était trompée sur lui, ou peut-être que non. Après tout, elle ne le connaissait pas si bien que ça, mais après tout ce qui lui était arrivé, elle ne pouvait s'empêcher de se montrer méfiante, sur ses gardes, se sentant prête à courir si jamais il faisait un mouvement trop brusque dans sa direction.

Bella se calma. Sa colère était retombée, et elle se sentait vidée. Elle vit son regard lorsqu'elle lui raconta ce qu'il s'était passé, elle vit la froideur dans ses yeux. Et elle comprit qu'elle avait eu tout faux, il n'était au courant de rien, rien du tout. Elle s'était mise en colère contre la mauvaise personnes. Elle en avait juste assez de tout ça. Elle aurait voulu se réveiller de ce cauchemar, et que tout soit différent. Ou alors revenir en arrière et tout recommencer à zéro. Ne pas s'installer avec Max, continuer à travailler, puis reprendre ses études. C'était trop dur, tout était trop dur, elle était à bout de force. Il avait raison, rien ne lui prouvait qu'ils étaient pareil tout les deux, rien du tout. Elle ne comprenait pas comment il avait pu tout ignorer mais se rappela à quel point Max était manipulateur. Elle devina que Clyde ne prenait pas très bien la situation.

Citation :: " Je s’rai satisfait quand toi et le bambin que tu portes, troqueront le macadam pour un matelas. "

Elle leva les yeux et le regarda, vraiment très surprise. Elle était épuisée et avait les larmes aux yeux. Evidemment qu'elle l'aurait voulu aussi, mais elle ne pouvait rien faire de plus. Sans argent, elle n'aurait pas la possibilité de s'en sortir. Sans un logement, elle ne pourrait pas gagner d'argent. Quoiqu'elle fasse, elle était coincée. Elle regrettait déjà de lui avoir dit tout ça, c'était vraiment stupide. Comme s'il pouvait l'aider. Il ne la connaissait quasiment pas elle ne voyait pas vraiment pourquoi il se soucierait d'elle après tout. Elle n'avait rien à offrir et rien à apporter.

« J'aimerais bien aussi figure-toi, mais qu'est-ce que tu proposes? »

Elle ne croyait pas vraiment qu'il avait envie de l'aider. Pourquoi en aurait-il envie après tout? En tout cas, pas question qu'elle aille dans un foyer ou ce genre de chose. Elle savait très bien ce qui se passerait là-bas. D'abord on remarquerait les marques qu'elle avait sur le corps et on ferait venir des médecins qui en devineraient la provenance. Puis, ce serait la police, ce que Bella craignait plus que tout. Elle craignait leurs questions, ce qu'ils feraient. Elle craignait de dénoncer, car quand Max l'apprendrait, comment réagirait-il? Elle craignait que l'on ne puisse rien faire pour l'aider. Pourquoi l'aiderait-on après tout? Elle n'était rien du tout, n'avait pas la moindre importance, alors elle préférait se débrouiller seule et s'en sortir par elle-même.

Clyde rencontra Max bien après que ce dernier s’était mis en couple avec Isabella, juste quelque temps après son retour de Las Vegas. Là-bas Clyde se retrouva un matin avec la bague au doigt, et le goût amère que la veille s’avérait être une cérémonie de mariage. Las Vegas, la ville réputée pour ces mariages en moins de deux, la ville qui vivait de nuit, la ville où Clyde passa la bague au doigt à une fille lors d’une soirée arrosée. Cette fille il ne la connaissait ni d’Eve, ni d’Adam, juste depuis quelques jours. Cette expérience était plus ou moins une erreur, il était à présent marié mais l’accord passé avec la fille ne l’empêchait pas de vivre comme avant. Clyde ne fit pas appel à un avocat pour divorcer, c’était bien trop compliqué, et les procédures assez longues, alors au lieu de perdre du temps, et de se tracasser pour divorcer, les deux jeunes gens décidèrent ensemble que leur mariage restera latent. De toute façon, Clyde n’était pas décidé à se marier à nouveau, alors il pouvait garder son statut secret d’époux, sans que ça pose de problème. Mais actuellement l’histoire n’en était pas là, terminé le petit retour dans le passé de Clyde, place à l’état actuel des choses.

" J‘crois déjà connaître ta réponse, mais j’tente quand même… "

Clyde s’attendait à une réponse négative de la part d’Isabella. Il pensait que toutes les idées qu’il lui proposerait ne mèneraient qu'à des refus. Mais étant borné, le Texan n’était pas du genre à abandonner, à ne rien tenter. Ses idées ne se firent pas prier, et il les annonça à la brune.

" Même si j’suis en collocation, y a toujours une place le temps que tu retrouves une vie stable. "

Cette idée était la première, et la seconde ne devrait pas tarder si Isabella refusait la solution précédente. Cette deuxième idée n’était autre qu’un geste de générosité de la part de Clyde, mais Isabella accepterait-elle l’argent dissimulait dans le sachet que tenait Clyde ? De l’argent sale certes mais qui lui servirait à se trouver un toit, pas indéfiniment mais un minimum de temps pour elle reprendre sa vie en main. Bien sûr Clyde s’assurerait que la future maman ne manque de rien jusqu’à ce qu’elle laisse cette vie là derrière elle.

A présent, il espérait qu’elle accepte mais ce n’était pas encore gagné. Même si Isabella souhaita tout de même écouter ce qu’il avait à dire comme solution, elle pouvait très bien avoir encore envie de le taper, et surtout de ne pas avoir confiance en lui. Ne pas avoir confiance en Clyde était compréhensible, avec toutes les magouilles qu’il avait repris, c’était difficile de faire confiance à quelqu’un comme lui. Cependant en le connaissant mieux, un autre jeune homme s’offrait aux gens mais il ne laissait personne apprendre à le connaître…

Ses yeux azur quittèrent Isabella pour se poser derrière lui, où sa voiture était garée quelques mètres plus loin. Son contact de toute à l’heure avait déserté depuis un bon moment déjà. Pour lui prendre une cigarette Clyde vint passer le sachet de sa main droite à sa main gauche, puis de sa droitière il prit la paquet de cigarettes entre ses doigts, mais avant d’en sortir une, il porta de nouveau son attention sur Isabella, puis sur le ventre de cette dernière. Pas la peine d’intoxiquer le bébé, alors il rangea son paquet de cigarettes dans la poche arrière droite de son jeans.

Bella se demandait vraiment ce qu'il comptait lui proposer. Visiblement il avait déjà anticipé son refus, pourtant il voulait quand même lui faire une proposition. Cependant il subsistait toujours une certaine méfiance, elle se tenait sur ses gardes. Lorsqu'elle eut entendu son idée, ses yeux s'écarquillèrent de surprise. Puis elle se demanda ce que cette généreuse proposition cachait et reprit son air méfiant.

« Pourquoi tu voudrais m'aider? C'est à peine si tu me connais. »

C'était la première fois depuis longtemps qu'on lui faisait une proposition aussi généreuse et la tentation de l'accepter était grande. Si elle avait un toit au-dessus de la tête, tous ses ennuis finiraient par se régler d'eux-même. Elle pourrait trouver un travail, puis payer un loyer et avoir son enfant sans se soucier de savoir où elle dormirait la nuit suivante. Oui, elle était tentée, très tentée. Mais elle avait compris depuis bien longtemps qu'on a pas rien sans rien et cette soudaine proposition lui paraissait un peu louche. Elle avait également peur que Max reprenne contact avec lui et découvre où elle se trouvait. Elle savait que d'une façon ou d'une autre, elle aurait toujours peur de lui, toute sa vie. Elle songea au jour où elle l'avait rencontré, il était si différent. Il était gentil, attentionné et plutôt drôle. C'était lorsqu'elle avait emménagé chez lui que les choses avaient vraiment commencé à déraper. Il était devenu renfermé et avait souvent des réaction vraiment imprévisibles. Rapidement il avait réussi à la convaincre de laisser tomber son travail, puis de ne plus voir ses amis. C'était un véritable manipulateur, il avait ça dans le sang et il était vraiment très doué. Elle aurait tout donné pour pouvoir oublier et passer à autre chose, mais elle savait que ce serait très dur.

Elle se demandait pourquoi Clyde s'intéressait à elle soudainement. Peut-être par pitié, or s'il y avait une chose qu'elle ne supportait pas, c'est que l'on ait pitié d'elle. Elle ne voulait pas de charité, et si jamais elle finissait par accepter la proposition, elle rembourserait le loyer jusqu'au dernier centime. Elle ne voulait pas s'imposer dans sa vie comme un parasite, mais elle en était au point où elle ne pouvait plus continuer comme ça, c'était trop pour elle. C'était peut-être le seul moyen qu'elle avait de s'en sortir et pourtant elle hésitait vraiment à accepter. Avant de prendre une quelconque décision, elle voulait s'assurer d'une chose.

« Si je dis oui, tu ne lui diras pas où je suis, n'est-ce pas? »

Une fois de plus, inutile de préciser qui était « il », c'était clair pour eux deux. Bella préférait avoir une réponse franche qui lui permettrait de savoir quelle décision prendre. Elle ignorait encore si elle pouvait vraiment accepter. Le jeune homme était en collocation d'après ce qu'il avait dit, or ses colocataires ne seraient pas forcément ravis de voir s'installer une intruse chez eux. Elle n'avait pas envie de s'imposer, ni de lui créer des problèmes. Dans le fond elle se cherchait de nombreuses excuses, elle le savait. Elle savait aussi que cette proposition était une véritable chance, à tel point qu'elle avait du mal à croire qu'il était vraiment sérieux. Mais elle était trop fatiguée pour continuer à vivre dehors, elle le savait. Son visage était déjà marqué par d'énormes cernes et beaucoup plus pale qu'il y a quelques jours, elle ressemblait à un zombie.

Elle le vit attraper son paquet de cigarettes, puis le remettre dans sa poche en jetant un coup d'œil à son ventre. Un geste simple, c'est vrai, mais qui la toucha au plus profond d'elle même. Elle avait du mal à réaliser qu'il venait de renoncer à fumer juste pour le bien-être de son bébé. Elle commençait à clairement changer d'opinion à son sujet. Peut-être qu'il était vraiment sincère dans sa proposition après tout, peut-être qu'il voulait vraiment l'aider.

Clyde collectionnait les erreurs depuis le début de son adolescence. A cette époque, il s’était fait remarquer par le milieu de la délinquance, pour ensuite entrer dans ce milieu. Quelques années plus tard, il s’était fait remarquer par la police, mais rien de grave puisqu’aucune preuve n’était retenue contre lui. Ce qu’il revendait comme substance illicites, il en consommait aussi. Bien qu’il cachait cette vie là à sa mère et à sa sœur, cette dernière enquêta sur son frère qui avait du mal à lui mentir sur la provenance des billets qu’il ramenait à la maison, et elle remarqua aussi le comportement étrange de Clyde, sûrement à cause de l‘effet de la drogue. Clyde démentait toutes accusations venant de sa sœur. Bien qu’il n’aimait pas ça, il se devait de lui mentir pour ne pas la mêler à ses histoires. Ces billets qu’il ramenait à la maison n’étaient pas exclusivement pour lui, mais pour sa famille. Depuis le départ du père, la famille Texane rencontrait des problèmes financiers qui ne faisaient qu’accroitre. Et même si pour aider Clyde ramenait de l’argent sale, c’était quand même de l’argent. Quand sa sœur vint pour de bon découvrir le jeu que cachait Clyde, elle souhaita l’aider mais pas question pour lui de la laisser s’approcher de sa vie. Mais il lui fit une promesse, qu’il ne tiendra bien sûr pas, celle de tout arrêter. Sa sœur n’y croyait pas trop mais espérait tout de même.

Clyde collectionnait donc les erreurs. Même ici à New-York, où pour lui cette ville était synonyme d’un nouveau départ. Il se retrouvait à nouveau dans ce cercle, un cercle qui comme les autres ne possédait pas de fin, ramenant toujours au point de départ. Pas qu’il ne contrôlait plus rien dans sa vie, mais pour Clyde la boucle était bel et bien bouclée depuis longtemps, aucune issue possible. Cependant même dans sa boucle infernale, il tenterait d’aider Isabella, en veillant à ne pas la mêler de trop près à sa vie si elle venait à vivre quelques temps sous le même toit que lui.

" Disons que c‘est mon jour de bonté. "

Fit-il avec un lèger sourire.

Il souhaitait réellement faire quelque chose, même si il ne pouvait rien faire sur le passé qu’il ignorait, il pouvait au moins faire quelque chose pour le futur. Même en étant arrogant, Clyde n’en était pas pour autant quelqu’un d’infecte qui ne se préoccupait que de son sort. La preuve en image avec la proposition qu’il venait d’offrir à Isabella.

Pourquoi irait-il dire à Max où se trouvait Isabella ? Si Clyde reprenait contact avec lui ça serait uniquement pour lui coltiner son poing au visage. Mais ça serait inutile, Max en serait furieux et peut-être s’en prendrait-il de nouveau à la mère qui portait son enfant.

" Tu peux alors dire oui. "

Clyde recula jusqu’à atteindre la portière gauche de sa voiture, de là il l’ouvrit puis jeta son sachet sur la banquette arrière. Il resta derrière la portière, appuyant ses bras croisés au-dessus.

" J’veux pas t'obliger à accepter, mais c’est ça où je joue au pot de colle. "

Il avait un petit air plaisantin, mais ce n’était pas réellement de la plaisanterie. Car il serait capable de la suivre pour la surveiller. Il était très borné comme jeune homme. Hors il ne voulait quand même pas être un poids pour la jeune femme, et puis y avait encore la deuxième solution, mais là aussi il garderait un œil sur elle.

" Cette rue est remplie de type comme moi, alors vaut mieux pas tarder. Et puis j’pari que t’as pas encore pris ton petit déjeuner, et moi je n’ai qu’une tasse de café dans le ventre, alors on va aller arranger ça, si tu veux bien "

Fit-il en dessinant un sourire confiant sur ses lèvres.

Si elle avait besoin de faire autre chose avant de manger, Clyde pouvait aussi s'en assurer.

Bella ne savait pas quoi penser de tout ça. Une partie d'elle avait envie de sauter au cou du jeune homme pour le remercier, l'autre partie voulait s'enfuir en courant, n'osant croire qu'une telle proposition pouvait être gratuite. Il était clair d'après ce qu'elle avait vu que les activités de Clyde n'étaient pas ce que l'on peut appeler tout ce qu'il y a de plus légal. Mais dans le fond, elle ne s'en souciait pas vraiment. Il faut dire qu'au point où elle en était, ce n'était pas comme si ce genre de proposition courait les rues. Si elle attendait qu'un individu bien sous tout rapporte vienne la chercher, elle n'avait pas fini... Et Clyde lui avait prouvé ce qu'il valait en lui proposant de l'aider. Elle n'avait pas pour habitude de juger une personne à ses activités, de toute façon elle serait très mal placée, une jeune femme sans domicile n'est pas vraiment une personne recommandable en général. Oui, elle commençait réellement à changer d'opinion sur lui. Peu à peu il commençait doucement à gagner sa confiance.

Citation :: " Disons que c‘est mon jour de bonté. "

Elle ne put s'empêcher d'esquisser un léger sourire, d'un air amusé.

« Et ça t'arrive souvent? »

Peut-être que chez lui il avait pour habitude d'héberger un tas de SDF mais honnêtement elle n'en était pas si sûre. Elle se demandait toujours pourquoi quelqu'un voudrait l'aider, elle en particulier. Peut-être tout simplement parce qu'elle se trouvait par hasard sur son chemin et qu'il avait eu envie de l'aider. Ou peut-être parce qu'ils se connaissaient déjà, allez savoir. Bella réalisait qu'en définitive elle ne savait absolument rien de Clyde. Tout ce qu'elle savait maintenant, elle l'avait appris aujourd'hui. IL faut dire que Max s'était toujours débrouillé pour l'empêcher de nouer un quelconque lien avec quelqu'un, en dehors de lui-même. Il s'était bien débrouillé, elle le reconnaissait avec une certaine amertume et beaucoup de rancœur. Envers lui, mais aussi envers elle-même qui s'était laissée piéger comme un pauvre animal sans défense et n'avait même pas su voir le piège.

Citation :: " Tu peux alors dire oui. "

Bella sembla incroyablement rassurée. Dans le fond, elle savait qu'il ne lui aurait rien dit, surtout que d'après ce qu'elle avait compris, ils ne se voyaient plus du tout. Mais elle avait eu besoin de l'entendre clairement, elle n'aurait pas vraiment pu se sentir en sécurité sinon.

Citation :: " J’veux pas t'obliger à accepter, mais c’est ça où je joue au pot de colle. "

Elle laissa échapper un petite rire, le premier depuis longtemps. Elle devint très différente à ce moment là, son air triste disparut et elle baissa les yeux quelques instants pour les relever ensuite. Cette simple plaisanterie lui fit chaud au coeur. Pour la première fois depuis longtemps, une personne lui disait clairement qu'elle ne la laisserait pas tomber. Elle ignorait s'il l'aurait vraiment fait, mais elle ne comptait pas prendre le risque de le vérifier.

Citation :: " Cette rue est remplie de type comme moi, alors vaut mieux pas tarder. Et puis j’pari que t’as pas encore pris ton petit déjeuner, et moi je n’ai qu’une tasse de café dans le ventre, alors on va aller arranger ça, si tu veux bien "

« Bon, puisque c'est si gentiment proposé, alors j'accepte. »

Elle avait vraiment très faim en plus, et la perspective d'un petit déjeuner la mettait de bonne humeur. Elle qui avait si longtemps espéré qu'il arrive quelque chose apercevait enfin une porte de sortie, le bout du tunnel. Elle songea que ci cette rue était vraiment remplie de types comme lui, alors c'était tant mieux parce que ça ne courait pas les rues. En tout cas elle n'en avait pas beaucoup rencontré jusqu'à maintenant.

Clyde la voyait sourire pour la première fois de la journée, au moins ça prouvait qu’elle ne souhaitait peut-être plus lui sauter à la gorge. En tout cas pour l’instant un dialogue plus social s’était installé entre eux deux. Clyde était tout sauf arrogant car cette situation ne lui permettait pas de l’être, étant bien trop sérieuse. Pourtant son arrogance lui permettait de ne pas avoir d’attache, mais pour une fois il pouvait bien la laisser de côté pour aider une personne qui en avait besoin.

" A vrai dire, non. C‘était ma bonne action annuelle. "

A ses mots Clyde gardait toujours un léger sourire. Puis un autre suite au rire discret émis par Isabella. Même si Clyde savait que la confiance de la jeune femme ne lui était pas totalement acquise, il savait déjà la faire rire, ce qui était un bon point. Etant toujours appuyé contre le haut de la portière, le jeune homme vint se poser à la place du conducteur après qu’Isabella ait accepté sa proposition. Avant de faire quoique ce soit comme fermer la portière ou mettre le contact, il attendait que la brune s’installe dans l’Américaine rouge et noire. Une fois cette dernière à ses côtés, Clyde referma la portière de son côté, puis chercha la clé dans ses poches avant de mettre la main dessus. En moins de deux il alluma le moteur puis posa son regard sur Isabella.

" J’vais encore te faire une proposition, mais t’inquiète pas après j’arrête de t’embêter. "

Fit-il avec un mince sourire au coin des lèvres.

" Tu préfères aller prendre un p’tit déj’ dans un café ou bien que je nous en prépare un à l’appart’ le temps que tu t’installes ? "

Clyde était presque aux petits soins avec Isabella. Ca ne lui coutait rien, et puis elle pouvait vivre chez lui et ses colocataires le temps pour elle de retrouver une vie stable. Payer le loyer n’était pas un problème, Clyde payait sa part et s’arrangerait pour nourrir une bouche en plus, de toute façon à chaque qu’une personne faisait les courses pour la semaine, elle prenait toujours plus. Pour se qui était du couchage rien de plus simple pour le Texan que de troquer son lit pour le canapé durant quelques temps. Sa chambre sera celle d’Isabella, mais pas avant un rangement de la part de Clyde.

Alors que le moteur V8 ronronnait, Clyde regardait la jeune femme en attendant une réponse de sa part. Puis ses yeux vinrent se tourner vers l’arrière de la voiture où était posé le sachet qu’il regarda avec un air pensif. Isabella se doutait de ce qu’il trafiquait, étant pris en flagrant-délit durant cette matinée mais il ne craignait pas qu’elle ait la langue pendue à ce sujet, peut-être parce qu’il lui faisait plus ou moins confiance.

Bella commençait à se sentir en confiance avec le jeune homme, la preuve, il avait réussir à la faire sourire, ce qui n'était pas donné à tout le monde. Elle avait l'impression d'avoir enfin trouvé une bouée de sauvetage après avoir passé tout ce temps à essayer vainement de garder la tête hors de l'eau. Jamais elle n'aurais osé espérer une telle aide, en particulier de la part d'un ancien ami de Max, ni de personne d'autre en réalité. C'était une véritable chance qui s'offrait à elle et elle comptait bien la saisir. Elle comptait commencer à rechercher un travail dès le lendemain. N'importe lequel conviendrait et elle était à peu près sûre qu'elle trouverait quelque chose. Après tout elle avait été diplômée au lycée et avait une longue expérience en tant que serveuse. Et ensuite elle verrait bien, ce qui comptait c'était d'avoir une rentrée d'argent régulière, pour le reste, elle verrait plus tard.

Citation :: " A vrai dire, non. C‘était ma bonne action annuelle. "

« J'ai de la chance alors. »

Un petit sourire malicieux se dessina sur ses lèvres. Puis Bella s'avança vers la voiture de Clyde d'un pas léger et ouvrit la portière côté conducteur, puis elle prit place sur le siège, posant son sac à ses pieds. Elle referma ensuite la portière. Elle avait soudain l'impression de quitter un monde bien particulier pour aller vers un autre. Sa vie risquait de changer à partir de maintenant, elle le savait et surtout elle l'espérait. Peut-être qu'à partir de maintenant, tout irait mieux. En tout cas, elle avait plus de perspectives. Elle ne comptait pas déranger Clyde très longtemps, juste le temps de trouver un travail et un appartement. Elle ne voulait surtout pas être un poids pour lui, surtout après ce qu'il faisait pour elle.

Elle le regarda, interloquée, attendant cette autre proposition qu'il comptait lui faire. Elle fut soulagée en constatant qu'il s'agissait uniquement de prendre le petit déjeuner à l'appartement.

« Je suis d'accord pour la deuxième proposition si c'est moi qui fait le petit déjeuner. Je te rassure je cuisine plutôt bien. »

Bella avait toujours adoré faire la cuisine et n'en avait plus vraiment eu l'occasion depuis un certain temps. Lui faire un petit déjeuner n'était pas grand chose, mais c'était une façon de le remercier comme une autre. Et après cette proposition, elle pouvait bien faire simplement ça pour lui. Elle comptait se rendre la plus utile possible et se faire toute petite. Elle projetait de proposer de faire les courses, les tâches ménagères, des petites choses comme ça. Ça ne paierait pas le loyer, mais au moins elle n'aurait pas l'impression de ne servir à rien du tout. Elle n'était pas du genre à être profiteuse, au contraire, elle s'en serait voulu de se laisser aider sans rien faire en retour.

C'est vrai que jamais elle n'aurait parlé autour d'elle de son petit trafic. Elle lui ferait encore moins la morale, d'ailleurs elle le pensait suffisamment intelligent pour être parfaitement conscient de ce qu'il faisait. Et qui était-elle pour se permettre de juger les autres?

Clyde avait donc eu raison d’accepter ce rendez-vous, ou plutôt cet échange dans cette rue là de Greenwich. Au moins ses sales histoires lui permettaient pour cette fois d’être un bon citoyen. Car question honnêteté Clyde battait tout les records dans le sens inverse. Entre reventes d’objets volés, vols de voitures… Oui le Texan était un vrai pickpocket. Donc entre tout ces vols à l’étalage, il n’était pas prêt de recevoir le palmarès du meilleur citoyen. Une fois son talent de crochetage lui fut utile pour la bonne cause. Ayant oublié sa clé d’appartement, il se fit dans l’obligation d’user de sa pince Made in Clyde, une pince fabriquait par lui alors qu’il était en pause dans le garage de son patron. Donc, en l’espace d’un instant il ouvrit la porte de la manière la plus soignée possible, sans mettre la serrure hors d’état. Alors au lieu de téléphoner aux pompiers pour débloquer une porte malencontreusement fermée par mégarde, Clyde Andersen était disponible sauf que ce talent il ne préférait pas le dévoiler à tout le monde.

" On va acheter un ticket de loterie en passant, comme c’est ton jour de chance t’es sûre de tirer le gros lot. "

Alors qu’un sourire s’échappa de nouveau des lèvres du jeune homme, il vint passer la première vitesse, posant sa main gauche sur le haut du volant, et tourna son regard vers Isabella.

" Comme tu veux. De toute façon j’suis plus doué pour la tambouille qu’autre chose, alors vaut mieux que tu t’en charges. "

Pas que Clyde était un piètre cuisinier, mais il n’aimait pas mettre la main à la pâte, il ne disait pas non plus que la cuisine était réservée aux femmes mais presque… Un peu macho sur ce coup-là. Enfin faire à manger ne le dérangeait pas, après tout il savait avaler ce qu’il faisait mais après ça ne pouvait pas plaire à tout le monde.

Son regard face à lui, ce qui était plus pratique pour conduire, il démarra donc la Dodge, pas en trombe mais tout en finesse, et oui il n’était pas seul dans la voiture alors terminé la conduite sportive place à la souplesse. Sortant de la rue fréquentée par des types comme lui, il dirigea l’Américaine vers Brownstones. En route il ne manqua pas d’allumer la radio, en baissant directement le son qui frôlait le volume maximum.

" Si Aerosmith et toi ça fait deux, tu peux changer ou arrêter. "

Il n’oubliait pas qu’il n’était pas seul, et donc il s’assurait de ne pas prendre trop ses aises, même si il était dans sa voiture. Sa main droite sur le volent, et son coude gauche appuyé sur le rebord de la portière, il roulait tranquillement.

Bella se dit qu'elle avait vraiment eu une sacrée chance de le rencontrer. Elle se félicitait intérieurement d'avoir eu l'idée d'aller dormir dans ce coin précis. Elle qui venait du Bronx n'arrivait plus à se rappeler ce qui précisément l'avait menée jusqu'à Greenwich. Même si le réveil avait été un peu brutal et qu'elle s'était tout d'abord vraiment méfié de Clyde, elle se sentait à présent beaucoup mieux et savait qu'elle avait eu tort.

Citation :: " On va acheter un ticket de loterie en passant, comme c’est ton jour de chance t’es sûre de tirer le gros lot. "

Une fois de plus, il avait réussi à la faire rire. Mais pour le moment, elle s'estimait déjà bien assez chanceuse comme ça. Elle avait même peur que tout s'arrête d'un coup, mais elle se dit qu'il n'y avait pas de raison. Elle espérait que ça continuerait pendant encore longtemps. Elle regarda le jeune homme et sourit.

« Merci. »

Elle aurait voulu lui dire qu'elle lui était reconnaissante pour tout ce qu'il faisait, elle aurait aussi voulu s'excuser de son attitude. Mais Bella n'avait jamais été très douée pour les grands discours et elle espérait que le message passerait à travers ce simple mot.
Elle était rassurée qu'il accepte tout de suite qu'elle cuisine, quoiqu'elle était têtue, s'il avait refusé elle aurait été prête à insister jusqu'à ce qu'il accepte. Elle tenait à le faire, après tout, il l'hébergeait alors c'était normal.
Bella regardait par la fenêtre pendant qu'il conduisait. Elle aimait bien observer ce qu'il y avait autour d'elle, regarder les gens vivre, bouger. Elle sourit rêveusement, laissant courir son imagination sur la vie possible de telle ou telle personne qu'elle avait entre aperçue. Elle jouait souvent à ce petit jeu, en particulier dans les transports en commun.

Citation :: " Si Aerosmith et toi ça fait deux, tu peux changer ou arrêter. "

Elle se tourna vers lui et lui sourit. Elle aimait bien avoir un fond sonore en fait et ne trouvait pas la musique désagréable.

« Non, ça me dérange pas. »

Elle se sentait bercée par le rythme de la voiture. Habituellement, n'importe quelle musique parvenait à la réveillée, mais là elle était si fatiguée qu'elle se serait endormie même si un avion avait décollé juste à côté. Bref, petit à petit elle sentit ses yeux se fermer doucement et s'endormit. On le lui avait déjà dit lorsqu'elle dormait, elle avait l'air d'une petite fille insouciante, comme si rien de tout ça ne s'était jamais produit. Elle semblait calme et paisible.

Ce simple merci suffisait à Clyde qui n’était pas exigeant pour les remerciements. N’étant pas spécialement un adepte des remerciements vocaux, il préférait de loin de simples gestes visant à remercier. Et puis pour lui remercier, fallait-il encore que quelqu’un lui ait apporté de l’aide, hors c’était une chose quasiment impossible, puisque Clyde refusait toute aide venant d’autrui. Ca c’était son côté débrouillard mais aussi borné comme pas deux. Suite au merci d’Isabella, un de rien serait le bienvenu, mais Clyde esquissa un simple sourire. Une preuve que la gestuelle était plus son truc que la parole.

Il conduisait donc tranquillement en direction de l’appartement, tout en pianotant sur le haut du volant. Ses doigts suivaient le rythme de la musique, une musique que Clyde ne se lassait pas d’entendre, bien qu’il l’écoutait souvent. En non-stop n’était pas le terme exact car dans ces conditions la lassitude se serait déjà installée. Comme Isabella ne voyait aucun inconvénient à écouter du Aerosmith, Clyde pouvait continuer de purifier ses oreilles, mais en aucun cas il ne devait copier sur sa voisine en se laissant bercer par la musique.

Sur la route qui les menait à Brownstones, Clyde eut droit à de nombreux feux rouges. Ce n’était pas difficile de les collectionner dans cette ville. Alors qu’il effectuait sans cesse des arrêts à quasiment tout les feux tricolores, le Texan vint profiter d’un arrêt pour jeter un coup d’œil sur la passagère. Quelques rues plus loin, il serait dans l’obligation de la réveiller, étant arrivé à bon port. Redémarrant au feu vert, il s’engagea dans les bonnes rues jusqu’à destination. Une fois arrivé dans le parking de l’immeuble, il trouva une place parfaite pour se garer. Il coupa le moteur ainsi que la radio, détacha sa ceinture de sécurité, puis se tourna vers Isabella.

" Tu vas finir par m’en vouloir de te réveiller, mais on est arrivé. "

Il ne la secoua pas même légèrement pour la réveiller, car le son de voix grave et un peu éraillée devrait suffire pour lui faire ouvrir les yeux. En attendant un signe de la part de la jeune femme, Clyde se pencha à l’arrière de la voiture pour prendre son sachet. Il retira la clé, qu’il garda dans sa main droite le temps de sortir du véhicule.

Bella se contenta de ce simple sourire en guise de « de rien » mais à vrai dire, c'était largement suffisant, surtout qu'elle n'avait pas attendu de réponse particulière, mais elle était contente de voir que le message sous-entendu était passé. Elle avait juste voulu qu'il sache qu'elle lui était reconnaissante de l'héberger. Elle avait encore du mal à y croire d'ailleurs, mais pourtant c'était vrai, il lui avait bel et bien proposé un toit alors qu'elle n'y croyait plus. Etrange de voir à quel point la vie peut nous surprendre parfois.

Profondément endormie, elle se sentait bercée par la musique et par le mouvement de la voiture. Pour la première fois depuis longtemps elle arrivait à dormir en éprouvant un sentiment de sécurité. Et il y avait un certain temps qu'elle n'avait pas été au chaud et installer confortablement. Elle avait presque oublié ce que c'était que de bien dormir. Et dire qu'elle avait habituellement peur en voiture si elle ne connaissait pas suffisamment bien le chauffeur. Les choses étaient bien différentes maintenant. Quand on a dormi dans la rue, un simple intérieur de voiture vous fait l'effet d'être un véritable palace. Au bout d'un moment elle sentit que la voiture s'arrêtait et que tout devenait plus silencieux. Encre dans un demi sommeil, la voix de Clyde lui parvint aux oreilles et elle sentit qu'il la secouait un peu. Elle ouvrit doucement les yeux et s'étira. Elle réalisa qu'elle avait passé une bonne partie du trajet à dormir.

« Désolée, je crois que j'ai accumulé beaucoup de fatigue. »

C'était sans doute un peu idiot, mais elle ne pouvait s'empêcher de se sentir gênée de s'être endormie comme ça. Pourtant elle ne voyait pas pourquoi il lui en aurait voulu pour ça, mais c'était plus fort qu'elle.
Après quelques secondes Bella ouvrit la portière et sortit du véhicule. Elle se sentait toujours fatiguée mais l'air matinal lui fit du bien. Elle regarda l'immeuble qui se trouvait devant elle. Elle aimait bien ce quartier, elle le trouvait plutôt accueillant. Elle se dit qu'une fois qu'elle aurait un travail et de quoi payer un loyer, ça ne lui déplairait pas de s'installer dans un endroit comme celui-là, de se lier avec le voisinage. Elle se rappelait toutes les petites choses quotidiennes qui rendaient agréable le fait d'avoir un logement à soi.

En effet ce n’était pas utile pour elle de s’excuser d’avoir somnolé dans les bras de Morphée. Après les nuits et les journées passées dehors, elle avait bien le droit de laisser la fatigue prendre le dessus. D’ailleurs si elle était tellement fatiguée, Clyde ne la laisserait pas préparer le petit déjeuner, si elle n’en avait pas les forces. Autant pour elle de s’allonger que de côtoyer le plan de travail de la cuisine.

" Ah désolé Mademoiselle, mais je n’accepte pas ce genre d’excuse. "

Fit-il en sous-entendant par là qu’elle n’avait nullement besoin de s’excuser pour ça.

" Je vais revenir sur l’idée de départ. C’est moi qui prépare le p’tit déj’, pendant que toi tu te reposes. "

Clyde ne lui imposait rien, il pensait juste que c’était mieux ainsi. Mieux pour elle, car lui s’en fichait pas mal de faire griller quelques toast, de faire chauffer du lait ou autre, tant qu’Isabella reprenait des forces. Après tout, si il lui proposait de l’héberger c’était pour l’aider, mais si plus tard elle souhaitait faire quelques travaux dans l’appartement afin de rendre service, Clyde ne l’empêcherait pas. Cependant aujourd’hui, c’était le réconfort avant l’effort, elle avait déjà assez fait alors pas question pour Clyde de lui en rajouter. Il espérait quand même qu’elle accepte de le laisser faire le petit déjeuner, même borné il se voyait mal lui tenir tête pour un simple breakfast.

Le texan sortit de sa voiture, sachet suspect à la main, et clé dans l’autre. Il attendit que la jeune femme sorte à son tour de l’Américaine, pour lui verrouiller les portières. Une fois chose faite, il contourna la voiture pour arriver au niveau du coffre.

" Suivez le guide… "

Clyde s’avança vers l’entrée de l’immeuble, où une porte en bois se tenait devant eux. Il l’ouvrit grâce à sa clé, et oui rien de plus simple. Puis entra dans le rez-de-chaussée où il teint la porte à Isabella. Un peu de galanterie ne faisait pas de mal, surtout venant de la part de Clyde. Les deux jeunes gens avancèrent dans le rez-de-chaussée jusqu’à arriver à l’ascenseur, où après la pression du doigt de Clyde sur le bouton d’appel, attendirent l’arrivée de l’ascenseur. A l’intérieur, il appuya sur le chiffre 4, et en quelques secondes, les voilà à quelques mètres de l’appartement. En face de la porte que Clyde ouvrait et fermait plusieurs dans une journée, il vérifia d’abord si la porte était close ou non. Celle-ci étant donc fermée, il fouilla ses poches pour retrouver la clé adéquate. Sa main dessus il ouvrit la porte, et laissa Isabella passer devant, refermant ensuite la porte derrière eux.

" Voilà ton nouveau chez toi. J’te ferai la visite des lieux un peu plus tard, d’accord ? "

Bella savait qu'elle était plutôt fatiguée, mais elle ne s'était pas doutée que ce serait à ce point. Cependant, elle se sentait mieux, beaucoup mieux et l'air frais du matin la réveillait.

Citation :: " Ah désolé Mademoiselle, mais je n’accepte pas ce genre d’excuse. "

Elle ne put s'empêcher de sourire, elle se rendait bien compte que s'excuser pour une pareille broutille était un peu absurde, mais que voulez-vous. Elle avait passé plus de deux semaines à dormir dehors et forcément elle était épuisée, autant au niveau physique que moral.

Citation :: " Je vais revenir sur l’idée de départ. C’est moi qui prépare le p’tit déj’, pendant que toi tu te reposes. "

Si jamais elle s'était sentie la force de s'occuper du petit déjeuner, elle aurait insister avec son petit air buté. Pourtant elle aurait bien voulu lui faire plaisir en lui préparant le petit-déjeuner, mais là elle sentait qu'elle risquait fortement de casser des tasses plutôt que faire quelque chose de correct. Elle se promit de se rattraper pour la prochaine fois. Elle hocha légèrement la tête en signe d'approbation et lui fit un sourire pour le remercier. Effectivement, elle n'avait qu'une envie, c'était se reposer. Elle n'avait pas l'intention d'insister et de faire une histoire juste pour préparer le repas. Elle pourrait aussi bien le faire un autre jour.

Elle suivit Clyde une fois qu'il eut verrouillé les portes de la voiture. Elle regardait partout autour d'elle tout en marchant, comme si c'était la première foi qu'elle voyait un endroit tel que celui là. Elle le remercia avec un sourire lorsqu'il lui tint la porte. Elle n'était pas habituée à la galanterie de la part d'un jeune homme, ça lui faisait bizarre et en même temps c'était plutôt agréable. Elle eut malgré tout une petite appréhension dans l'ascenseur, Bella n'avait jamais trop aimé les espaces confinés, mais c'était largement supportable. Elle avait hâte de voir l'appartement, le lieu où elle allait habiter, du moins pour quelques temps.

Elle attendit qu'il ouvre la porte avant d'entrer et de pouvoir tout observer. Elle avait l'impression d'être une petite fille qui ouvre ses cadeaux de noël. Bella s'avança dans l'entrée et regarda autour d'elle. Cet endroit lui plut instantanément. Pourtant cet appartement n'avait rien d'exceptionnel en soit, mais elle avait l'impression de ne pas en avoir vu depuis vraiment très longtemps.

« J'aime beaucoup, c'est très joli. »

Puis elle se tourna vers lui avec un sourire.

« D'accord. Où est-ce que je pose mes affaires? »

Elle faisait référence à son sac à dos et à sa veste qu'elle portait toujours.

# . Une nouvelle habitante. - BROWNSTONES avec Isabella Sawyer

» Isabella Sawyer
» . Une nouvelle habitante. [ Pv Isabella ]